April 24, 2018

Dessins

Il arrive que l'inspiration soit avec moi, et comme j'aime les emblèmes alchimiques... je partage donc ici quelques unes de mes créations. 

Sur l'azoth. 

Sur l'émeraude et la voie sèche. 

Sur l'urine de Saturne. 

La croix Camarguaise. 

La 'pierre' 


Caput

March 03, 2018

Neige

Mon vieil Alambic sous la neige. 


Lire en Alchimie

La lecture en Alchimie est un sujet important. Mais on n'en parle pas vraiment assez et c'est bien dommage, car il y a beaucoup à dire dessus. Premièrement, et c'est un secret pour personne, la lecture en Alchimie est fondamentale. Elle est sine qua non, de la recherche en laboratoire. 

L'Alchimie, - on le sait -, ce n'est plus à répéter, est un sujet *difficile*, c'est connu, rabâché, répété. Et de fait, partant de ce postulat, la lecture que fera le chercheur sera dans un but d'éclaircissements. Ses questions légitimes sur le Grand Oeuvre chercherons réponses dans les ouvrages de nos anciens ou moins anciens auteurs et qui espérons le, sont adeptes. 

Premièrement nous devons lire les auteurs classiques : Flamel, Artephius, Synesius, Trevisan, Cyliani, ICH, St Didier, Al Razi, D'Espagnet, H de Linthault, et j'en passe ! Ils sont un fondement dans l'Art et il est très probable qu'ils aient été adeptes.
Par la suite, nous pouvons lire d'autres auteurs, peut être moins connus. L'avantage est que tout cela se trouve gratuitement ou presque sur internet.

La lecture en Alchimie est une lente distillation, à multi niveaux.

Ensuite nous devons essayer de les lire plus lentement et avec plus d'attention. L'idée actuelle est à la lecture rapide, à engouffrer les livres. Nos anciens avaient quelques auteurs et pondéraient, mesuraient chaque phrases, chaque mots. Ils tiraient l'essence même de chaque ouvrage qu'ils possédaient. Je pense que les lectures, et relectures faisaient qu'ils avaient les phrases, les paragraphes, les livres entier en tête. Maintenant la lecture est moins profonde, moins dense, moins pénétrante. Et nous devons redonner cette force à la lecture.

Ceci nous donne une lecture plus cérémonieuse. Lire de l'Alchimie ce n'est pas lire Agatha Christie. Il y a une disposition d'esprit, une mise en route. Il y a aussi la bonne disponibilité psychique. Parfois le texte ne parle pas, parfois le livre est fermé. L'esprit n'y comprend rien, ne capte rien, ne perçoit rien d'entre les lignes. Fermez le et lisez autre chose. L'esprit ne doit pas projeter son savoir sur ce que l'auteur dit. Il ne doit pas "imaginer ce que l'auteur veut dire par là", c'est un énorme défaut, un biais, un acte de stupidité égotique que de faire cela. Non, vous n'avez pas idée de ce que l'auteur peut réellement, profondément dire lorsque vous le lisez. Sauf (il y a toujours un mais), sauf donc, si vous avez la clef de ce qu'il pointe réellement, avec assez de "preuves" dans le texte pour situer le "moment de l'oeuvre" dont il traite, et avec les bons codes.
Souvent ils parlent de "matière" pour le Mercure, ou de Pierre pour ce dernier aussi. 

Plus concrètement, cela demande aussi de prendre des notes. De souligner un passage important. De le mettre de côté pour y revenir plus tard. C'est relever l'idée, le doute, l'incompréhension. C'est savoir accepter de se sentir totalement perdu et totalement dépassé par ce qu'un auteur dit. Tant mieux, car cela implique que vous n'êtes pas dans une idée de tout savoir, de tout comprendre.

Ne plus lire alors qu'on passe au travail concret est parfois absolument et résolument nécessaire. Il faut laisser les concepts et idées derrière soi, et partir à l'aventure du Labo avec ce qu'on a compris pour le mettre en question pratique. Redonner une couche de lecture par dessus va trop souvent interférer négativement avec la mise en route du projet d'expériences. Laissez donc de côté la lecture pendant un temps, prenez le temps de digérer tout cela et appliquer la méthode que vous pensez avec compris. Petit à petit vous vous constituerez un calepin d'expériences, qui vous permettrons ensuite de lire les ouvrages des bons auteurs avec un pas de plus.

Pour les plus mystiques, il y a l'appel à l'esprit de l'auteur, afin de pénétrer ses dires, ses encodages, ses sens voilés, mais le mieux encore est alors d'appeler à soi l'Intelligence de la Nature, qui connaît et comprend ce que les anciens ont lu. Cela est parfois remarquable. Un texte, que l'on sent "fermé" s'ouvre alors petit à petit et par des "accroches" dans le texte devient limpide. D'invisibles fils se trament et se font telles des références silencieuses mais tellement criantes ! Il apparaît alors des "points" d'ancrages, des points majeurs dans le textes, qui se révèlent à un moment donné, et retournent dans la normalité de la lecture peu après, mais aussi, des zones d'ombres. Et cela n'est normal au départ.

On restera abasourdi de voir le génie, l'entendement profond de ces anciens auteurs à un tel point que cela pourra donner le vertige. La confrontation avec leurs dires, dans le laboratoire et la pratique, rend pantois. 

"Déchirer les livres" vient une fois que l'Oeuvre a été entièrement éclaircie. Ceci intervient selon les auteurs après le Blanchiment de Latone. C'est une autre histoire, mais cela démontre bien qu'il est nécessaire que la lecture et le laboratoire marchent main dans la main.

Bonnes lectures :) 

March 01, 2018

Zen et Alchimie


"On having no Head" - Satori.

Satori c'est marcher sur le fil de sabre de la conscience. Trancher l'instant. Etre le curseur du moment. Poinçonner le maintenant d'un grand coup.

C'est la clarté du diamant et le rugissement de la béatitude jusqu'au confins du  "Nulivers".

L'essence même, fondamentale et radicale du Zen, et de la pratique de Zazen, est la fixation du volatile. La révélation de l'essence même derrière le cycle et le mouvement.

Alchimiquement parlant, l'essence même du Zen est pour moi aussi simple que cela. C'est le Grand Oeuvre de l’Âme. Sa révélation à Elle même.

Salazius



February 08, 2018

Revues : Severin lobanov T2 "Rébis"

J'ai eu la joie de recevoir de la part des éditions Alliance Magique (merci !), les deux tomes, 2 et 3 de Severin Lobanov. {Je précise qu'il n'y a aucunes obligations pour moi de faire une revue ou encore de donner un avis positif, biaisé donc.}

J'étais curieux de voir ce qu'il en retournait, et de lire ce qu'un autre adepte des cornues et creusets faisait dans son laboratoire. Nous avons ici droit, et je ne parlerai donc que des deux tomes (2 et 3) à un document explicatif, en clair, des pratiques de nature opératives ou dites "externes", puis de techniques de natures dites "Internes" dans le dernier des tomes. Sur ce point, nous y reviendrons. 

Dans le monde Alchimique, - petit, très petit monde - une sortie d'un ouvrage nouveau, contemporain, fait en général du bruit. Le sujet, rare, discret, complexe, et d'abord difficile, ne facilite pas forcément les choses.


TOME II



L'idée de présenter en clair l'ensemble des techniques, pratiques, outils, mises en œuvres, et avec illustration est séduisante. Le mieux est que l'idée est réussie, c'est clairement exposé, avec clarté et brio, simplicité et de manière didactique. Nous sentons que l'investissement personnel de l'auteur est grand dans ses recherches alchimiques. C'est là le travail d'une vie entière, sincère,  dévouée et qui se donne les moyens de réussir. C'est cette passion que Severin Lobanov nous transmet. 

Je ne me risquerai en rien à commenter le travail alchimique d'un confrère, étant donné que chacun sa vision, chacun sa voie. 
Les visions sont variées et les voies de même!  Mais c'est un beau voyage que nous faisons à la lecture de son oeuvre.

Je me bornerai à dire que les explications données sont dans la lignée des Philosophes de la Nature (Jean Dubuis), des Amis de l'Alchimie (http://kruptos.com/alchimie-pratique/aigles.html) et de Fulcanelli sur certains aspects. 

Voilà pour les grands courants de force traversant l'ouvrage de l'auteur. Pour ma part je n'ai pas été perdu, ou dépaysé par sa lecture. Je pense que malgré sa clarté, il faut tout de même l'aborder avec un minimum de culture alchimique.

L'ouvrage est très bien documenté, avec de nombreuses sources et des références classiques et modernes. Il nous explique point par point avec photos à l'appui, extraits de textes et opérations manuelles au laboratoire, le déroulement de l' œuvre et le travail à mener tant en soi-même, qu'au creuset.  Il s'agit là très exactement, d'un manuel complet prenant chaque détail du travail : avec poids et mesures, mais aussi toutes les subtilités des outils et de leurs utilisations.

On pourra trouver cet auteur fort charitable dans le partage et la clarté de ses instructions, on ne peut que saluer l'effort important d'une telle transmission, dans un monde moderne qui semble pourtant plus que jamais hermétique à ce type de travaux. Mais il est fort à parier que la postérité saura retrouver dans les ouvrages de  Séverin Lobanov du grain à moudre et des idées à puiser.

Ce type d'ouvrage fait suite  à une longue lignée de tradition alchimique qui se propose d'éclaircir au mieux un des sentiers de cette vaste Science traditionnelle. L'effort est absolument remarquable et le rendu l'est tout autant. On pourra remercier les éditions Alliance Magique d'avoir publié cette triade, et surtout l'auteur qui nous livre son travail avec générosité.

Pour un béotien, la mise en pratique restera tout de même difficile, à la vue du travail monumental que demande cette voie et des dispositions à avoir pour mener labeur correctement. Elle s'en trouvera malgré tout facilitée par l'étude de cet ouvrage.

Pour l'aspect livresque, je dirais que la lecture est facile grâce à une bonne écriture. Le texte coule et la riche documentation photographique et d'illustrations permet d'aérer le texte.

Sur certains points, alchimiques,  je ne suis pas d'accord, - et c'est je crois normal,  par exemple sur le fait que la Pierre ne s'ingère pas - alors que les Rose Croix ont un avis différent. Ou encore sur certains points très, trop techniques, dont je ne ferai pas mentions ici, car l'interprétation des textes est toujours sujette à discussions.

Ce qui compte est la nature documentaire et riche de ce travail, mais aussi le fait que l'auteur fait l'aller retour entre le labor et l'oratoire.  Ce qui est assez rare pour être salué ! 

January 31, 2018

Aghori de l'Alchimie

Il y a en Inde, un type de Saddhu qui est clairement à part de leurs confères. Ils vivent dans le tabou. La caste des Saddhu si l'on peut dire, est régie par des règles très strictes. Pas de possessions matérielles, pas de femme ou de relations sexuelles, pas de magie, pas d'alcool ni de viande. Il y a aussi des restrictions par rapport aux cycles féminins, etc.

Les Aghori font l'inverse. Ils adorent (vénèrent) le fluide menstruel. Pour eux créateur de Vie, source de fertilité Divine de la Grande Déesse Mère. Ils peuvent boire de l'alcool et manger de la viande, certains parlent de cannibalisme rituel. 
Ils font de la magie (et parfois de la magie nécromantique de haute volée - dans un champ de crémation, assis sur un corps fraîchement décédé de jeune femme par exemple, s'en suit alors l'évocation de Kali)... ils ont certains outils magiques propres (kapala ou coupe formée par un crâne humain, inscrit de mantram), ils se droguent (comme tous les saddhus classiques aussi). Et connaissent très bien l'art du Kamasutra. Dans l'impur se trouve le Divin, dans le tabou la liberté, dans ce que les hommes rejettent, il y a une perle pour eux. Mais ils ne sont pas des adorateurs des démons, mais de Shiva,de Kali ou de Ganesha ... de formes de destructions radicales des entraves menant à la liberté intérieure. Ils restent très clairs quant à leur objectif, et au final, assez sobre dans leur approche. Ils se sont donné une liberté, un droit qui leur permet alors de passer outre le dogme et de se rapprocher d'une pensée pénétrante, pour atteindre la vérité pure. 

Source https://www.naukrinama.com/stressbuster/wp-content/uploads/2016/05/Everyone-is-an-Aghori.jpg

Ce sont de bien curieux personnages, étonnants et hauts en couleurs. Longtemps ils sont passés pour des fous, des barbares, des psychopathes. Mais non. 

Nous avons aussi, en Alchimie, cette branche là. Le travail canonique, "propre" et aristocratique sur de l'argent ou de l'or est alors directement placé au rencart - même si connues, pour laisser place aux voies d'étables, de latrines, aux voies les plus "sales" (entendre, "salées"!), de tout ce qui est "salopé" (ou du jeu de mot : "sal.opus", ou travail des sels).

C'est un travail de proximité, c'est à dire que la matière vient de vous,  -peu importe de quel orifice, entendez mine-, elle sortira. Chaque mine donne sa matière selon une signature archétypale particulière. C'est ça, justement, qui est alors très très intéressant dans ces travaux.

Evidemment ces travaux ne sont pas réservés à quelques initiés, tout le monde peut s'y adonner. Cependant, cela demande alors des précautions d'usages que le travail en Magie et en Mystique permettrons de compenser. La violence, l'insidiosité, le chamboulement que cela provoque est ce que certaines personnes cherchent, ce que d'autres redoutent. Mais le travail sur une matière non "proche" peut parfois être plus difficile encore. 

Plusieurs choses sont pertinentes :

- Quantités de matières à profusion, et pas chères. Voies des pauvres.

- Trouver la matière qui inspire le plus de dégoût. Histoire de travailler ses résistances mentales, apprendre à dompter le Dragon qui nous répugne. (C'est une option de travail mais non obligatoire).

- Travailler sur soi même, sur le Microcosme. De manière plus pertinente. 

- Amplifier le travail psychique. Et sur la Nephesch.

- Comprendre qu'il n'y a ni pur ni impur, et que tout peut être porté à perfection.

Curieusement, travailler avec de l'alcool n'est en occident pas tabou, ou interdit. Cela devient arham uniquement dans la pensée Musulmane. Comme quoi... l'alcool est tabou ou libérateur de Soufres. Tout dépend de la vision utilisée.

Décriées, considérées comme des voies non viables car "ce sont des déchets ne contenant de fait rien de bon", n'apparaissent au mental de ceux qui ne voient que le pur dans du pur et excluent le reste (je ne rentrerai pas dans le débat du fait que l'idée de pureté est toute relative) que comme des voies de garages, bonnes à ceux qui cherchent un Alzheimer rapide et pas cher, en lieu et place à une ruine pécuniaire. (Notons que travailler l'or, coûte cher - cqfd). 

Rappelons nous de l'Aghori Alchimiste de son titre : l'Uber Bombastique Paracelsus Roi des Alchimistes, - notre maître à tous - qui avait pour l'histoire, dit à ses disciples "voici la matière certaine de l'oeuvre" et soulevant la cloche du plateau, dévoilait un bel et massif étron humain. Tous s'en allèrent, rouspétant. Le message n'était pas passé. (D'ailleurs je ne retrouve plus la référence de cette histoire, si vous l'avez vous m'écrivez, merci !)

Ces voies "animales" permettent de travailler sur cette "âme animale" ou Nephesch. Le travail des écuries d'Augias fait parti des travaux à mener. 

Clairement, il y a des productions à ne PAS ingérer. Les voies les plus sages, sont celles de l'urine, des fèces, de la salive, et sueur, voire des cheveux ou de la peau morte, pour les émotifs, celle des larmes. 
Le reste doit se faire si possible avec un guide qui connaît son affaire. Sinon je peux vous garantir qu'il y a des traits du corps humain (et donc des archétypes) qu'il vaut mieux éviter d'augmenter sous peine d'avoir de très très gros ennuis difficilement réparables. 

N'est pas Agorhi Alchimiste qui veut. Il y a clairement du risque. Et les têtes brûlées en quête de pouvoir personnel peuvent aller se rhabiller. De toute façon, nous sommes tous, ou presque des aghori de très petit niveau. Vous avez mangé de la viande aujourd'hui avec votre petit coup de pinard bourré de pesticides ? (Même si c'est un St Emilion). Bravo, welcome chez les aghori. La société occidentale est aghori négative, elle ne respecte pas tellement l'idée de cadavre, quel qu'il soit, lorsqu'il est animal - les consciences s'éveillent un peu plus en ce moment. Je ne vois donc pas pourquoi il faudrait alors jeter la pierre à ceux qui les distillent surtout si ce sont des parts d'eux même. 

De plus, l'aghori porte un réel grand respect à ce qui est le plus vile, le plus sale, et le moins évolué. Il peut ainsi intégrer dans sa psyché une chose d'une réelle portée spirituelle. TOUT EST UN. Car tout vient d'Un. Et tout est composé des mêmes éléments radicaux. Peu importe leur origine. En effet, lorsqu'on a vu de l'or "pur" devenir noir comme la poix et commencer à devenir pustuleux comme un crapaud, il est alors bon de se demander ce qui est réellement pur. C'est une illusion.

Réfléchissons -y, même symbolique, la naissance du Christ se situe de toute façon dans une étable. Dans la merde, entouré non d'humains à part ses parents, mais d'animaux, et de beaucoup de sels. Le sacrifice de Jésus, le fait de manger symboliquement son corps et de boire son sang, est un rite cannibale. C'est une sorte de "Prasadam", ou de consécration de la nourriture, qui porte une part de la puissance ou de la Shakti, en elle, et qui est donc condensateur fluidique. C'est un acte magique. Elle est alors ensuite partagée entre tous pour que, tous ceux qui en ingèrent, captent cette puissance et en soient transmutés. 

Il est impossible de fusionner dans le Tout si l'esprit refuse qu'une chose en provienne. Cette pensée, ancrée, est antithétique au but poursuivit, d'union spirituelle. Il ne doit y avoir ni goût ni dégoût dans ces voies. Et je dirais que le goût est plus dangereux que le dégoût.

L'enseignement du Bouddha Fukyo est très intéressant là dessus : Toute personne mérite respect car elle sera un jour sur le sentier du Bouddha. Toute personne est un potentiel Bouddha.

Je vous le dit donc : Toute matière mérite respect, car elle porte en elle le potentiel de la Pierre Philosophale parfaite, alliant le Ciel et la Terre en harmonie totale.

Transcendance et unification

Il est aujourd'hui important pour moi de parler de "Transcendance", de transcender, de passer outre, d'aller au delà, par dessus ou par dessous, mais toujours au delà de l'enrobage, du dogme, de la culture, de l'empreinte significative donnée par une personne, afin de trouver le sens caché et profond, le noyau dur du sens et du message. En un sens alchimique, nous pourrions dire, retirer la forme de la matière particulière, pour trouver le fond qui la constitue. 

Transcender son étape dans le cycle, transcender sa signature, transcender ses déséquilibres en principes (Sel, Soufre, Mercure)... l'Alchimie a cette faculté d'aller voir au cœur de la matière même, et avec sa simplicité, nous montrer que toutes les matières font unes lorsqu'elles sont vues depuis cet angle de transcendance. Le message est pratique, pragmatique, simple. Pas forcément aisé à voir de prime abord. Mais il est bien là.

"Shamanalchimyste" au travail.

J'ai toujours milité pour une universalité des matières pour l'Oeuvre. A mon sens il est illogique de dire que seules quelques matières sont aptes à subir la transmutation du Grand Oeuvre. Si nous les muons en leur primes matières, en leurs principes radicaux, entendez étymologiquement, "racines", alors quelle différence entre un cailloux et un bout d'antimoine ? Radicalement aucune. Du moment qu'elles passent dans le ventre du monstre, notre Solvant Secret, alors pas de problème. L'issue est la même pour toutes. En avant la marche d'évolution. Toutes la matières viennent d'une même Source. Tout est Un. Tout découle d'un Fondement Universel.

Simplement, nous ne devons pas perdre de vue que comme toute chose l'Alchimie a eu ses penseurs, ses modes. Fashion de travailler selon l'antimoine, fashion de travailler avec les amalgames ... j'en passe. Mais c'est à transcender aussi tout cela. Souvent les anciens n'avaient pas autant accès que nous à des lectures Alchimiques et les rares manuscrits ne circulaient que dans certains cercles, certaines villes. Difficile alors d'apprendre une Science telle que celle-ci uniquement avec un seul son de cloche. Cela a donné alors des travaux qui étaient alors eux même sous influences d'auteurs. Je ne dis évidemment pas que cela ne fonctionnait pas, non, simplement qu'il y avait orientation dans le travail. 

Certes, certaines matières sont plus faciles que d'autres à travailler, plus ouvertes. Elles donnent leur âme et leur corps plus facilement. C'est une question de commodité, de sens pratique. Je ne nie pas non plus cela. Mais le sens pratique fait en sorte qu'en Alchimie que "si l'on force, ce n'est pas la bonne voie". L'opératif n'a pas à violer sa matière. Elle le lui rendra bien de toute façon. C'est que ce n'est pas la bonne méthode, et la bonne méthode n'invoque jamais la violence.
Tout se fait normalement avec facilité. Avec le temps parfois, mais avec une relative douceur. Relative car un travail sur une matière en voie dite "sèche" et avec du Nitre ne donnera pas la même "douceur" en voie du Cinabre ! C'est une question d'adaptation à notre protagoniste. 


Du Shamanisme, de la pratique Alchimique, du Kundalini Yoga, 
de la philosophie des Gathas de de Zarathoustra.
Tout est bon si nous le faisons passer au tamis de la transcendance.


J'ai maintes fois pu expérimenter ce concept de transcendance grâce à la pratique Alchimique, et je le trouve capital dans un travail spirituel et pratique. C'est une chose qui est qui est disponible à tout à chacun.

De même, savoir se dégager des "formes" dans le travail spirituel est tout aussi capital. Ces dogmes tellement présents, que nous ne les voyons plus, nous les avons intégrés dans notre paysage mental et inconscient. Ils n'y a plus de contraste dans la vision que nous avons de notre monde extérieur, et de fait, il n'y a plus de travail intérieur non plus. Souvent, à cause de cela, nous préférons une spiritualité extérieure à la notre. Jusqu'à ce que nous nous rendions compte, au final, que celle qui était sous nos yeux dès le départ, était aussi riche et intéressante. 

Il a fallu passer par un contraste, que nous avons intégré (cette nouvelle spiritualité), afin que notre monde de départ reprenne de la couleur vis à vis de nous. Fondamentalement l'extérieur n'a pas bougé. Nous avons voyagé. Nous avons intégré des parts éparses, "d'ailleurs", pour les faire "d'ici". Et d'un coup ce "ici" redevient coloré et étonnant. Ainsi "l'habitude tue le désir" dit Freud, et je dis que le "quotidien tue le vivant". 

Regarder pousser votre pelouse chaque jour pendant 10 jours, pour vous elle ne poussera pas. Absentez vous 10 jours, elle aura poussé "d'un bon". Comme il est curieux de se rendre compte qu'il faut aller chez le coiffeur, par ce que "nos cheveux ont poussé d'un coup". Vraiment ?

Savoir transcender la forme, c'est aussi savoir intégrer et réunifier les sagesses du monde, sans leur format culturel. Jung parle d'Archétypes, il ne parle pas en prime abord de formats culturels. Il parle de transformations culturelles, d'un rendu. L'Archétype, lui, reste en place, avec son noyau de sens pur. Rawn Clark dirait "d'essential meaning". Ainsi je peux trouver la puissance aussi bien par un tigre en attaque, que dans un petit enfant qui "smashe" son ours en peluche par terre. Le sens est là. La forme, nous devons passer outre. Nous devons avoir l'oeil mental qui capte le moment d'expression de l'archétype. C'est un début de Vision Hermétique, c'est un début de décodage.

Ce sens pur, supérieur, primordial et radical (au sens étymologique de "racine") permet de reconnaître, au delà du brouillard du quotidien, au delà de l’étiquetage, de la ségrégation mentale, consciente ou inconsciente, ce qui pré-existe "Atziluthiquement". Et il s'agit de même, consciemment, d'aller chercher, et intégrer les messages et archétypes qui existent dans les diverses cultures du monde. L'Alchimie est ainsi une belle Babalon, capable d'aller d'intégrer n'importe quel système de pensée, culture, religion, philosophie et vision. Peu importe l'époque, le niveau, les enjeux. Elle fusionnera avec tout et sera un miroir de tout ce qu'on lui donnera. Cette souplesse d'acceptation, de pensée démontre bien son universalité même. Une capacité infinie ! La brider serait hérétique même. Un pêché contre l'esprit même de l'Alchimie. La limiter est gageure, démonstration de l'ignorance. Il en est de même d'ailleurs de deux soeurs qu'elle a, qui sont Astronomia et Magia.
Mais dans tous les cas, nous en faisons ce que nous en voulons. Mais dans mon esprit, dans ma vision, dans mon travail, j'essaie toujours de réintégrer ce qui fait sens, et ce qui fait universellement du sens, je tente d'aller chercher le plafond dans chaque concept, dans chaque cycle ou donnée, afin d'aller au coeur de la moelle. Ce qui vient enrichir le côté "no limits" de l'Alchimie. Permettant alors de déchirer les voiles qui ne permettaient alors pas auparavant de voir plus loin, plus vaste. On devient clairement plus "fou" à chaque pas. 

Le travail de la Théolithe n'est pas qu'une adoration cardiaque, émerveillement certes, mais surtout actions. Mise en Oeuvre - Grande mise en Oeuvre. Et plus la vision de l'adepte est vaste et "folle" (dans le sens où elle cadre avec sagesse à la Nature) plus cette mise en oeuvre sera vaste et universelle, collant au plus proche de la nature et de ses fonctionnements. Cela passe alors par un questionnement spirituel profond et un travail de cette Vision Hermétique. {Ne cherchez pas sur google "Théolithe", j'ai été déçu après l'avoir fait - donc étymologiquement de Théo, Dieu, et Lithos, Pierre, donc Pierre Divine ou donc, alchimiquement parlant, Philosophale - 'Pierre Philosophale' qui est un terme communément accepté par la communauté Alchimique, mais qui pourrait très bien porter un autre nom plu évocateur encore}. 

Savoir retrouver une sagesse ancestrale, fonctionnelle et utile dans notre travail Alchimique passe par des phases. Par des fils conducteurs. Ils se dénichent sur le temps, au fil des besoins, des blessures aussi. Nous comprenons alors la nature tant mystique et religieuse que shamanique (Shaman veut dire "qui voit dans le noir"), de pouvoir que de thérapeutique, que revêt un travail Alchimique. Bien qu'elle soit une Science Holistique, et qui porte elle toutes les réponses aux questions, nous pouvons aller voir ailleurs afin de comparer, de glaner et de rapporter cette sagesse. On ne peut jamais tromper l'alchimie. Elle englobe tout. Elle côtoie les Archétypes. Elle joue avec eux. Elle exprime son Jeu petit à petit lors des travaux et des coctions. Et personne n'est jamais oublié. Il y a là un clair dévoilement, mais comme au Poker, "on paie pour voir". Et la note est Salée.

Un point particulier peut parfois 'ressortir' d'un travail alchimique et faire écho, avec perfection, sur un point philosophique. Ainsi j'ai été très intéressé par les idées philosophiques de Zarathoustra. Devoir d'aider plantes, minéraux, animaux, humains, de leur permettre d'évoluer. Étonnantes paroles cadrant parfaitement avec le travail de la Nature et donc, de l'Alchimie. L'action de l'Alchimie dans ce monde, et via les mains qui lui sont rendues pleinement disponibles par le dévouement de l'Artiste (bien que l'Artiste ici soit la Nature, car l'Alchimiste est seulement un serviteur du Feu Sacré) est de nature sacrée et profondément spirituelle. Peut être cela semble être une action "normale" que de voir la Nature s'exprimer : les papillon papillonnent, les abeilles butines, les oiseaux chantent, la sève circule... mais à y voir de plus près, il y a de grands mystères, qui éblouissent l'Oeil, lorsque ce dernier a retiré les voiles obscurcissant l'entendement. Alors, un cycle universel est vu, une composition unique est vue. Et le Prisme Mercuriel est alors perçu et peut alors être utilisé.
Les anciens disaient ceci : L'Art s'obtient de deux Sources : Un bon ami initié dans l'Art, ou encore une Révélation Divine, ou Apocalypse. Evidemment nous devons "lire", mais il est clair que celui qui lit le livre de la Nature a directement les informations. De mon expérience personnelle, je puis dire que ces deux sources pour l'Art sont réelles et avérées et que le Grand Mystère ne se résout pas autrement.

L'Alchimie, peu importe le travail sur la matière, donnera l'expression à travers ce médium, des archétypes. Le Corbeau sera toujours le Corbeau Saturnien. La queue de Paon, le Blanc Lunaire, la Pierre Rouge Solaire ... etc. Ce sont des expressions Archétypales pures. La transcendance est de l'Oeuvre même. Son fondement, et sa mise en place, la transmutation successive, dans un cadre privilégié.

L'écoute, l'étude, l'observation de la Nature, avant même les écrits des Philosophes (cela vient après, car eux aussi ont en premier étudié la Nature avant d'écrire) permet alors de déceler des clefs qui résident archétypalement en permanence en Elle, et qui de fait, ne demande jamais a être écrits en quelque livre que ce soit. C'est en ceci que je trouve profitable d'aller voir ce qui se passe dans des domaines comme le shamanisme ou ce shamanisme énergétique orienté vers le Divin qu'est le Yoga, ou encore la biologie. Cela semble être un grand écart, mais non. C'est très complémentaire. Fulcanelli, par son observation de la nature et de la biologie ("enseignement/science du vivant" bio/logos) nous a montré qu'il n'y a jamais de génération sans le noir - dans le ventre, dans un oeuf, sous la terre. Entendez alors, dans un environnent hors lumière solaire comme il le mentionne, mais aussi, il faut l'entendre au delà de cela, sans nigredo. Sans éclipse. Ce qui évidemment, dénote un "noir" dans les astres de notre microcosme.

Le Grand Oeuvre est au delà du ballon et le monde est incarnation archétypale massive. Il n'en est pas autrement. Les données que l'on trouve dehors, doivent être intégrées dans le GO du Microcosme de l'Athanor. Sans quoi, la Pierre qu'on en retire n'est que cailloux. Et tout ce qui est rouge, n'est pas forcément la Pierre. Pour autant qu'elle ait cette couleur.