« je pense que c’est des gens qui ont connu l’alchimie dans une autre vie. Il est vrai aussi que beaucoup d’alchimistes sont réincarnasionnistes, et pour moi c’est pas un concept c’est pas une croyance, c’est une connaissance. La connaissance elle est directe et intuitive. C’est quelque chose que vous avez vécu. Et qui est inscrit dans vos cellules. La connaissance elle est effective. »
Pour leur travail de laboratoire les alchimistes ont besoin de se rattacher à une spiritualité, quelque soit leur religion ou leur croyance. Pour pouvoir s’isoler dans une ambiance de méditation certains vont jusqu’à posséder un oratoire.
Dans toutes les religions y compris le Catholicisme ont retrouverait d’après les alchimistes toute une symbolique appartenant à leur Science.
Patrick Rivière la déchiffre en l’interprétant.
« L’alchimie se trouve un peu au cœur des religions, d’ailleurs la transsubstantiation, c’est un mot qui est très proche de transmutation. Toute la partie interne de la messe est en fait la réalisation du grand œuvre pour un alchimiste bien sur.
Alors dans ce calvaire il y a l’écriteau où il est indiqué, INRI, Jésus Nazaréen roi des juifs, mais l’alchimiste y voit autre chose, Igne natura renovatur integra, la nature est entièrement renouvelée par le feu, et aussi plus précisément encore, ignis nitrium roris invenitur, par le feu, se découvrent le nitre et la rosée. »
Nitre et rosée sont essentielles dans l’élaboration du grand œuvre, les alchimistes s’expriment volontairement dans un langage hermétique par symboles et allégories, ils les utilisent pour déclencher chez les hommes réceptifs une réflexion qui les aidera à la compréhension de leur message. En alchimie les animaux sont porteurs de symboles.
« En fait les animaux suggèrent ces matières. Comme l’âne, comme l’ours, comme le sanglier, qui également désignent des matières alchimiques.
Cette catégorie d’âne porte en fait la croix sur le dos, et cette croix, en fait, c’est un petit peu l’image de l’âne timon, des fables hermétiques, c'est-à-dire l’antimoine des sages. Il y a des animaux en fait, tout à fait merveilleux en réalité, qui appartiennent au bestiaire merveilleux, alors la licorne en fait, ce qui est intéressant c’est évidement son unicorne, son unique corne phallique et lumineuse, puisque la Licorne vient de Luke, qui désigne la lumière, l’aube naissance, donc c’est notre esprit, c’est l’esprit alchimique, c’est notre matière, blanche, et pure, obtenue à la fin du premier œuvre. »
Il y a aussi une symbolique dans les couleurs de la nature, par exemple, le spectre de l’arc en ciel déclinerait les différentes teintes que prennent les matières durant les étapes qui conduisent au grand œuvre. Des symboles, une partie de la spiritualité et de la philosophie des alchimistes aurait été récupérée par des confréries telles que les francs maçons, et les rosicruciens, ces derniers auraient poussés jusqu’à la pratique en laboratoire, les francs maçons se seraient arrêtés bien avant.
P.Partamian : « Les francs maçons, ont occulté la partie laboratoire en quelque sorte, je veux dire la partie technique, pour privilégier le travail de l’esprit de l’intellect, mais en s’appuyant sur des symboles qui sont essentiellement alchimique. Les francs maçons n’ont aucuns autres symboles que ceux d’origine alchimique. Comme tout symbole c’est un support qui permet une réflexion attentive, intéressante et nourrissante, mais qui à mon avis reste incomplète pour que justement le travail de modification de l’être humain soit complet. »
P.Rivière « Les symboles rosicruciens, des 17 ème siècles, sont véritablement porteurs des messages alchimiques. Tous ces symboles sont à connotation alchimique et je dirais même, uniquement alchimique. Ainsi par exemple on trouve le macrocosme, ici représenté donc par cette étoile à 6 branches, évidement, qui est en fait, l’image même des relations entre le macrocosme, donc l’univers, et le microcosme, l’étoile à 5 branches, l’échelle de l’homme. Et on retrouve les symboles alchimiques, à savoir le Mercure, le Soufre et évidement le Sel qui est en même temps le globe crucifère puisque première matière qui donnera naissance à la Pierre Philosophale. »
Autre symbole emblématique : la coquille St jaques.
« St Jacques de Compostelle est le Saint Patron des Alchimistes, il est porteur de la coquille, cette coquille c’est la représentation de l’influx céleste c'est-à-dire de l’esprit universel, ou de l’esprit Saint, et le chemin de Compostelle, c’est à la fois un cheminement initiatique, d’une personne qui va faire son grand œuvre en suivant différentes étapes qui ont été très bien choisies sur des parcours en France ou en Europe et puis c’est aussi le rappel que Compostelle que c’est aussi un Compost et donc ce qui se passe durant le périple qui mène à Compostelle c’est exactement le travail que réalise l’alchimiste dans son laboratoire, toutes les différentes étapes, scandent en quelque sorte les différentes étapes du laboratoire alchimique il va y avoir la découverte du chemin, la purification au fur et à mesure de la démarche, la réflexion du marcheur, l’alchimiste fait la même chose avec sa matière, et on arrive, et la direction c’est quoi, c’est le lieu saint, dont l’équivalent est le laboratoire de l’alchimiste.
Les pèlerins qui ont décidé de parcourir les chemins de St Jaques De Compostelle sont loin d’être tous des mystiques. Pour la plupart ce sont des hommes ou des femmes qui ont besoin de trouver une autre dimension à leur vie, au terme du voyage ils auraient souvent obtenu la clef, le parcours ayant transmuté leur être. Interpellation initiatique aussi et pas seulement pour des pèlerins, les symboles gravés dans la pierre.
P.Rivière :
« L’alchimie est au cœur des préoccupations du moyen âge, et quand Victor Hugo, nous dira, « au moyen âge, le genre humain, n’a rien connu d’important qu’il ne l’ai écrit en pierre », alors on rentre vraiment dans le mystère des cathédrales, le mystère des cathédrales, et le mystère des compagnons nous ont laissé au fil du temps dans les édifices religieux ou même parfois, dans des maisons plus ou moins profanes, je pense par exemple à l’hôtel Lallemand à Bourges, ou je pense aussi au Palais jacques Cœur, et au Manoir de la Salamandre, qui fut détruit pendant la guerre, et à bien d’autres demeures philosophale. »
Dans le Tarn et Garonne, l’abbaye St Pierre de Moissac, se caractérise par l’un des plus beaux ensembles architecturaux français, ses extraordinaires sculptures romanes sont un exemple des messages écrit dans la pierre, elle se situe sur un itinéraire des chemins de St Jacques.
« C’est le geste qu’effectue chaque compagnon avant de continuer son périple, jusqu’à St Jacques de Compostelle. Alors il y a le symbole du Khi grec, du X qui désigne parfaitement le rayonnement de la lumière et ces lions enchevêtrés peuvent être interprétés suivant l’hermétisme alchimique, comme étant effectivement le Lion Verd et le Lion Rouge. Au dessus de nous ce tympan, où sont représentés les 24 vieillards de l’apocalypse avec des instruments de musique, et tenant pour la plupart une coupe, qui évidement est le calice, qui désigne bien sur le graal et bien sur aussi le creuset des alchimistes. »
Une des chapiteaux du cloitre de l’abbaye représente un animal, symbolique et allégorique de l’alchimie.
« Sur ce chapiteau on peut voir nettement, le dragon des philosophes, qui désigne en fait la première matière du grand œuvre alchimique. Ce dragon ou basilic, est représenté avec des écailles, qui suggère en fait la prima materia. C'est-à-dire en fait le sulfure minéral grossier et noir qui sort de la mine. »
Un courant de pensée, le surréalisme aurait été imprégné par les symboles et l’esprit de l’alchimie.
« Les surréalistes ont été absolument inspirés par les symboles de l’alchimie et d’ailleurs le chef de file des surréalistes André Breton, n’hésitera pas à dire que chercher la Pierre Philosophale c’est en fait le meilleur moyen d’entamer la revanche éclatante sur le rationalisme et André breton ajoutera qu’il cherche lui-même l’or du temps, c'est-à-dire en fait cette espèce de quintessence, d’un temps intemporelle, si je puis dire. »
Les allégories alchimiques auraient inspirées des auteurs célèbres.
« C’est vrai pour le chat botté, et encore plus vrai pourrait on dire pour les contes de Perrault, ‘les contes de ma Mère L’oye’, je pense notamment à Peau D’’Âne, évidement puisque le littérateur lui-même, n’hésite pas à écrire ‘si peau d’âne m’était conté, j’y prendrais un plaisir extrême’, c’est à dire si ce conte oral qu’il a retranscrit par écrit lui était expliqué, explicité, infiniment, il y prendrait un plaisir extrême car il saurait comment cet âne donne des pièces d’or dans sa litière tous les matins, donc il est évident que peau d’âne, par exemple, est un conte hermétique par définition, c’est à dire qu’il cache la réalité des opérations alchimiques. »
Les recherches des alchimistes ne se seraient pas arrêtées aux creusets et aux éprouvettes, ils prétendent qu’un des leurs aurait découvert le nombre d’or ou les divines proportions. On le retrouve partout, dans l’architecture des pyramides, à celles des théâtres romains, la peinture l’a aussi utilisé avec Leonard de Vinci, la littérature avec en exemple, la Divine Comédie de Dante, le nombre d’or est un mystère pour tendre vers la perfection.
P.Partamian :
« Ce nombre d’or il a été déterminé à travers le corps humain et à travers les proportions du corps humain, donc c’est une composition, de différentes mesures qui ont été prises sur le bras et la main. Et les rapports successifs, de la distance par exemple entre le petit doigt, le pouce, entre le petit doigt et le poignet, et la longueur de l’avant bras représentaient une certaine longueur, c'est-à-dire une suite de rapports, des racines carrées, des racines cinquièmes, et on obtient un chiffre qui est 1, 61 et des poussières. »
A travers les âges, la transmission du savoir et des pratiques fut à la fois livresque et orale, certains alchimistes prétendent aussi recevoir des informations d’un autre monde par l’intermédiaire de médiums. L’onirisme serait en revanche une constante il se traduirait par des rêves allégoriques interprété par les alchimistes comme des indications à suivre pour leur progression vers le grand œuvre. Ces rêves font parti de leur intimité et ils évitent d’en dévoiler les détails.
P. Rivière :
« Ce rêve croyait le, contenait bon nombre d’archétypes symboliques alchimiques d’une puissance qui ne pouvait laisser place a aucun doute à mon réveil. Et c’est vrai que là je suis rentré dans une dimension alchimique que je ne soupçonnais pas la veille. Et les questions concernant l’alchimie semblaient s’éclairer peu à peu avec une facilité qui m’étonnait. »
Les grands alchimistes français qui ont marqué notre époque contemporaine sont Armand Barbault, qui peu pour élève Patrice Partamian ; Fulcanelli, qui enseigna à Eugène Canseliet, lui-même maitre de Patrick Rivière ; Tous les alchimistes ont eu ou on pour but d’arriver à la Pierre Philosophale qui permettrait l’obtention de l’élixir de longue vie, et la transmutation des métaux vile en or, réalité ou légende, cet interrogation a traversé les siècles. Témoignage exceptionnel et sans doute première mondiale, nos alchimistes vont présenter devant notre caméra tout le processus jusqu’à la concrétisation. Cette mise en œuvre et le résultat obtenu, interpellant, engagent uniquement leurs auteurs sur l’authenticité des faits. La voie sèche comporte trois étapes : la première appelée premier œuvre commence par l’incontournable collecte de la rosée, comme dans la voie humide.
P.Rivière :
« Paracelse avait une excellente définition, il disait qu’elle était issue de l’exsudation des astres, la transpiration des étoiles. Virgile quant à lui disait « la lune verseuse de rosée », donc à la pleine lune, la rosée est beaucoup plus importante et féconde.
Voila la toute première opération que subit notre matière ou notre Dragon des Philosophes. C’est une opération un peu particulière, qui porte le nom d’assation. Où la matière cuit dans son jus et est aidée par la rosée, alors elle va changer de couleur et elle va se préparer en quelque sorte au grand œuvre, ensuite, elle va être exposée à la lumière de la lune et des étoiles et elle entrera dans la grand œuvre sous forme de prima materia préparée. »
La rosée est aussi distillée afin d’obtenir un premier sel, qui sera ensuite exposée dans un four solaire.
« Nous assistons ici à la confortation du précieux premier sel issu de la rosée. C’est ici la preuve manifeste que le grand œuvre alchimique est d’essence solaire. Le soleil est le père de la Pierre. »
Le premier sel obtenu est de couleur blanche, le deuxième de couleur ocre est le résultat d’une autre cristallisation toujours à base de rosée.
« Les deux sels constituent tous deux le feu secret des adeptes pour permettre d’ouvrir leur matière et de pénétrer au cœur du grand œuvre. »