September 12, 2016

L'Ancre des Philosophes

Pour tous les Argonautes, les Nautoniers d'Hermes, les "Souchu de Rennefort", en bref, les marins de la Mer Philosophique, le symbolisme nautique a très souvent été utilisé (voire même par Jules Verne ! Car il est dit qu'il y a un symbolisme Alchimique et hermétique caché dans ses ouvrages). 


L'ancre est un symbole très important, elle aussi largement usitée dans les représentations graphiques ayant pour but de nous figurer par l'image et non par mille mots le sens précis de cette opération pratique. Car ici, bien au delà de la représentation philosophique,  nous sommes ici au niveau "archétypal du processus", c'est à dire, hors chimie proprement dite, mais dans le protocole même de la mise en oeuvre. Deux protagonistes, un ancre, un poisson. 

Cette ancre, symbole de l’alourdissement, de la fixation du vaisseau (ou plutôt, de ce qu'il y a dedans...), a la capacité de stopper dans sa course ce qui est si fuyant, si volatil et instable. Cette ancre égale au riche symbolisme des pommes d'or du Jardin des Hespérides. Si riche de sens et si importantes que Michael Maïer en fera un ouvrage entier : l'Atalante Fugitive. 

Elle est ici accompagnée de sa Rémora, ou de son Dauphin selon la lecture que l'on en fait (dans tous les cas "un poisson" => Fulcanelli en décrit très bien le symbolisme Alchimique) et ceci nous indique bien qu'il faut un hameçon pour le pécher, un appât pour l'attirer, une ancre pour le fixer. 
En un mot, l'aimanter ... et le capturer. 

Alors donc, péchons, bouillons, puis rôtissons ! (Cf. Cyrano de Bergerac). C'est cette opération fondamentale qui ici peut se lire par diverses manières selon la méthode pratique employée, elle fait en effet parfois référence, dans la Voie Sèche, au début de l'oeuvre proprement dit, et à la capture de la précieuse Rémora, ou embryon de la Pierre, qui a curieusement la forme d'une vesica pisci, vessie de poisson, qui rempli en effet son rôle de se "gonfler" à la remontée. Chose curieuse s'il en est puisque cette opération nous montre à quel point les métaux sont réellement vivant et comme ils peuvent interagir entre eux dans les conditions idoines. Cet oeuvre par la Voie sèche ne concerne curieusement que des Mercures. Des Mercures générant ensuite LE Mercure, si précieux, cette rosée qui sourdra de la terre par une patience, et un réglage parfait de son feu. En dire plus serait mal avisé et la pratique seule permettra alors de comprendre la nature de cette ancre, et de ce Dauphin. Mais nous pouvons de manière générale voir aussi ce symbole comme la nature même du dit "dernier oeuvre, ou tierce opus". Car là, la matière se coagulant va alors fixer son Mercure en son sein.

Nous rapprocherons par analogie, le symbolisme du caducée, qui lui volatilise plutôt que de fixer, car ce dernier est une ancre du Ciel. Le, ou les serpents faisant alors office de "rémore/s". Qui comprend l'ancre comprend le caducée et inversement.

Il y a réellement beaucoup à en dire, et le sujet pourrait encore aller bien plus loin dans les concepts des Principes Hermétiques de la matière même, mais laissons cela pour une autre fois.