Je partage avec vous une réflexion que je viens d'avoir sur un concept philosophique qui me tient à cœur depuis longtemps.
Je viens de me rendre compte que Jésus, Christ de son état, croyait au Père - et faisait Un avec Lui -, croyait donc, mais n'avait pas de "religion" dans le sens actuel du terme et non étymologique. C'est une réalisation bête, un constat qui ne va pas nécessairement très loin me direz-vous. Mais je ne l'avais jamais remarqué avant. Néanmoins, bien qu'il n'ait eu de religion, il avait une philosophie spirituelle.
Certains disent qu'il avait été initié, et qu'il faisait parti de ce que l'on nommait à l'époque, sans le côté péjoratif actuel, d'une "secte".
J'ai acheté un livre sur l'Alchimie Chrétienne il y a un moment déjà, (La voie de l'alchimie chrétienne par Séverin Batfroi. Merci à Yves Artero pour avoir porté ce livre à ma connaissance). Et nous réalisons en y portant notre attention et notre réflexion que, bien que sa vie fut mise en rites, en une codification par l'Eglise; nous réalisons disais-je, que l'Initié, avec un grand "i", désigné par la Nature, courroie de transmission du Divin, va devoir vivre les épreuves dictées par les cycles naturels, immuables et nécessaires.
Nous sortons là du cadre "religieux". Nous entrons dans ce qu'il y a de plus "pur" et naturel au niveau mystique. C'est un Chamanisme, c'est un Yoga, de l'Alchimie, c'est une union dans le "flow" du cycle. Nous sommes sous le tronc de la "religion organisée", nous sommes aux racines naturelles des Philosophies et des pratiques évolutives.
Mais ce sont les Apôtres qui ont fait de l'histoire de Jésus une religion. Un mythe pratiqué. (Note : Je sais que certains de mes lecteurs n'approuveront pas le fait que je pose le personnage de Jésus comme ayant vécu réellement. Peu importe, prenons le du côté philosophique plutôt dans ce cas.)
C'est là peut-être une quête qui m'est personnelle, mais je pense qu'elle touche plus de monde que l'on pense. Ce retour aux origines d'une Force Initiatique non culturalisée, exempte de la main de l'homme ... L'Alchimie Chrétienne n'existe pas. Sous couvert de religion, nous n'y trouvons en réalité que le cycle immuable des forces. L'Alchimie contient bien trop de Mercure en son ventre, beaucoup trop de Dragons, bien trop de Salamandres enflammées, d'aigles rapaces, et d'insaisissables Argonautes, pour qu'une religion quelconque, une philosophie de l'homme, en puisse la saisir et la retenir.
Ce serait comme tenter de tenir en sa main un régule de métal rougeoyant... Certains l'on tenté, aucun n'a réussi. Impossible. L'Alchimie est mue par une force incommensurable, ferme, intouchable, impénétrable. Bien peu s'imaginent la puissance réelle qu'elle détient. Pour ceux qui ont réussi à "discuter" avec son Esprit, ils sauront que la Grande Dame, lorsqu'elle a dit ce qu'elle avait à dire, se retire sans attendre de réponse. Sans au revoir, sans prévenir. L'essentiel, simplement, l'essentiel. C'est un message qu'il est parfois difficile d’intégrer. Elle sait ce qu'elle fait, nous, ça reste à démontrer...
L'Alchimie, force incarnée de la Nature n'est pas humaine, elle n'est pas culturelle, elle est purement, simplement "sauvage", naturellement première, à défaut de dire "primitive", mais vous m'avez compris. Son action n'est pas qu'au Laboratoire, c'est le feu rugissant du volcan qui fond la roche et crée des gemmes, mais aussi la douce rosée du matin qui se dépose sur les feuilles, c'est la chaleur écrasante du soleil qui blanchit le soufre des pierres, mais aussi le froid intense qui les fait éclater, trouvant leur veine à coup sûr, et tout ceci, inlassablement s'acharnant, jour après jours, siècles après siècles, millions d'années après millions d'années sur les éléments. Inlassable force de vie, de destruction, de préservation, de cycle. Immensité cosmique vivante, grouillante, agissante. Et nous nous prétendrions Alchimistes ?
Si l'homme Vert était femme, elle serait Alchimie. Elle serait rebelle et libre. Souveraine guerrière, commandant au Soleil et à la Lune, au Vent, et à la Terre, joignant le Haut et le Bas en une harmonie Céleste et Terrestre dont la perfection n'est pas appréhendée par l'esprit humain.
Nous ne sommes que de toute petites créatures, crées par Dame Nature, en somme, par l'Art de l'Alchimie. Nous sommes ces homoncules que nous cherchons à faire naître dans nos fioles.
C'est peut être ma quête de l'indépendance philosophique mystique et spi.rituelle qui fait jaillir cette réflexion, et cet article, indépendance de la pensée humaine, entendons nous bien. Trouver quelque chose de non déformé, non humain, non humanisé, non adapté, non forcé, et voire même, non violé.
J'arrive encore à y trouver cette racine au delà de mes lectures chamaniques, dans Mircea Eliade, y voyant qu'il y avait une mystique initiatique naturelle, hors contexte culturel (c'est comme si le culturel dans le cas du chamanisme ressortait comme un phare dans la nuit, ça se voit clairement tant leurs doctrines lorsque quelque chose n'est pas "naturel").
Il en va de même avec le Yoga. Et je me suis rendu compte, dans mon parcours, que s'était toujours la même racine que je recherchais; la racine des racines, intouchable et non touchée par l'humain, et la première des racines est le corps humain dans le Yoga, celle qui nous touche de plus prêt, avec celle de notre Etre.
Tout ceci pour faire écho en vous, afin que vous puissiez vous aussi ressentir, réaliser, et parfaitement intégrer ce que j'entend par là. Et que vous aussi puissiez l'appliquer dans votre parcours évolutif.