October 24, 2020

La confiance en Fulcanelli

Nous ne pouvons pas passer à côté de l'Œuvre de Fulcanelli, et le monde entier nous l'envie - oui le monde entier, par le génie qui se dégage de l'oeuvre, malheureusement trop courte, d'une densité formidable, et d'une grande honnêteté, mais aussi par son aspect terriblement moderne pour l'époque car parler de récentisme, d'art de la mémoire, du Moyen-âge avec ferveur, tout en restant multi-culturel et éminemment pratique reste quelque chose d'inégalé. 

La stature d'Adeptus Hermeticus Scientae reste le garant d'une œuvre qui rendra le mieux compte des sens cachés des symbolismes de pierre, de bois, de verre, avec une explication toujours culturelle et illuminatrice. Il faut avoir fait le Grand-Œuvre pour le comprendre, et comprendre le sens des symboles. Autrement il ne pourrait y avoir qu'erreurs et affabulations. Ce que nous rencontrons trop souvent en cette époque, privée de nos Adeptes pédagogues. Car Fulcanelli, haut de son expérience est aussi professeur, et sait amener, dans le respect du silence, du secret, et ce sans mensonges, de l'information précieuse, inédite, parlante pour qui sait la lire véritablement. En effet, trois livres, mais quels livres ! Une Somme, qui méritait bien son Index précis, détaillé, et qui, mieux encore, permet de s'y retrouver avec toutes les éditions des ouvrages avec des calques. Incroyable travail qui trop souvent passe inaperçu. Que les auteurs donc, par leur travail charitable, en soient vivement loués. Les Dieux de l'Olympe sauront, et ont certainement su, accorder leurs faveurs aux deux auteurs de ce travail.

Pourquoi faisons-nous confiance à l'énigmatique Fulcanelli ? Le but de cet article n'est pas d'explorer l'œuvre, mais de poser des jalons de lectures, et nous pouvons faire confiance à la sagacité de cet auteur sur deux facteurs, nous le croyons, et c'est entièrement personnel et partial, de nature bonne et généreuse, réellement brillant, tout en ayant apporté des preuves indiscutables de sa qualité d'opératif, pour que nous puissions lui accorder du crédit et donc de la confiance. Il s'est lui même refusé à mentir, comme l'on fait certains auteurs, et nous lui accordons du crédit là dessus, car il  l'exprime clairement, il a tellement butté sur certains concepts de l'œuvre qu'il s'est refusé au mensonge ou à la déformation envieuse, et je pense que sa détresse, son sacrifice personnel et sa compassion, on fait qu'il voulait aider sincèrement les lecteurs méritants.

Le tort en Alchimie serait d'accorder de la valeur aux auteurs que l'on réussi à comprendre - croit-on - ou encore à ceux qui semblent être les plus clairs, au contraire, certains considèrent que plus un auteur est complexe plus il est certain qu'il dit beaucoup, notons au passage que la complexité est toute subjective, relative à celui qui lit. Je repense au "Songe Verd", qui pour moi a été écrit, pour donner en clair seulement un paragraphe et une phrase. Sur un ouvrage entier, c'est peu. C'est suffisant j'imagine selon le point de l'art qu'il a voulu éclaircir. 

Mais Fulcanelli offre une proximité avec ses lecteurs, peut-être le siècle dernier permet de se rassurer et de se dire que l'Oeuvre n'est pas si "lointaine", si inatteignable. Peut-être cela joue t'il un peu. On se rassure, se disant qu'un contemporain a réussi, sans réelle preuve, si ce n'est les dires, toujours un peu flous, incertains, de Canseliet : "Oui, je l'ai connu à l'âge de 15 ans, mais je ne sais pas son nom"... 

Je reste convaincu que cet homme a existé, qu'il a écrit, qu'il n'a jamais initié personne de connu, et n'a jamais parlé, autrement que dans ses livres. Je souhaiterai qu'il y ait un Adeptus qui ait été de sa main initié et que nous le connaissions, mais qui parlerait s'il était Adepte ? Ce serait folie absolue, pure ! TACERE, TACERE ! Se taire ! Tav Aleph, de la fin au début, ERE, ou RER.

Il aurait 181 ans cette année et aurait probablement été ému de voir la Cathédrale Notre-Dame de Paris brûler. Les explorateurs se sont perdus dans les dédales possibles de cette histoire gravitant autour de l'identité du Maître. Des hypothèses, des idées, des cul de sac. N'est-ce pas fatiguant, et ne serait il lui même pas fatigué de tout ça ? Est-ce que l'idée Hermétique du Pseudonyme, n'est justement pas de rester dans l'anonymat, pour laisser place au message et à son essence ? Le messager, qu'en a t'on à faire si c'est le Grand-Oeuvre qui importe ?

Le Livre Secret d’Artéphius - De art occulta, atque lapide philosophorum liber secretus, Artéphius, Paris, 1612.


L’antimoine est des parties de Saturne ayant en toutes ses façons sa nature, ainsi cet antimoine saturnin convient au soleil ayant en soi l’argent vif dans lequel aucun métal ne se submerge que l’or : c’est-à-dire seulement vraiment le soleil se submerge en l’argent vif antimonial saturnin, sans lequel argent vif aucun métal ne se peut blanchir. Il blanchit donc le laiton, c’est-à-dire l’or et réduit le corps parfait en sa première nature, c’est-à-dire en soufre et argent vif de couleur blanche et, plus qu’un miroir resplendissant, il devient le corps parfait qui est de la nature : car cette eau est amiable et aux métaux placable, blanchissant le soleil parce qu’elle contient un argent vif blanc. Et de ceci tu dois tirer un très grand secret, c’est à savoir que l’eau antimoniale saturnine mer curiale et blanche, afin qu’elle blanchisse l’or, ne brûlant point, mais seulement dissolvant et puis après se congelant en forme de crème blanche. Voilà pourquoi le philosophe dit que cette eau fait le corps volatile, parce qu’après qu’il a été dissous et refroidi, il monte en haut sur la superficie de l’eau. Prends de l’or en feuilles ou laminé ou calciné par le mercure, mets-le dans notre vinaigre saturnin mercurial et tires-en le sel armoniac (comme on dit), mets-le dans un vaisseau de verre large et haut de quatre doigts ou plus, et laisse-le là en chaleur tempérée et tu verras en peu de temps s’élever comme une liqueur d’huile surnageant au-dessus, en forme de pellicule; recueille-la avec une cuillère ou en mouillant une plume et ainsi plusieurs fois par jour recueille-la jusqu’à ce que plus rien ne monte, puis fait évaporer l’eau au feu, c’est-à-dire l’humidité superflue du vinaigre et il te restera une quintessence d’or en forme d’huile blanche incombustible dans laquelle huile les Philosophes ont mis plus grands secrets, et cette huile qui est d’une très grande douceur possède d’éminentes vertus pour les plaies.

Tout le secret de ce secret antimonial est donc que par ce dessus nous fassions extraire et tirer du corps de la magnésie l’argent vif non brûlant (et cela est l’antimoine et le sublimé mercurial), c’est-à-dire qu’il faut extraire, une eau vive incombustible, puis la congeler avec le corps parfait du soleil qui se dissout dans cette eau en nature et substance blanche, congelée comme une crème, et faire venir tout cela au blanc. Toutefois, le soleil. en la putréfaction et résolution qu’il fera en cette eau à son début, perdra son éclat, s’obscurcira et noircira, puis s’élèvera sur l’eau et surnagera peu à peu une substance de couleur blanche et, cela s’appelle blanchir le laiton rouge le sublimer philosophiquement et réduire en sa première matière c’est-à-dire en soufre blanc incombustible et argent vif fixe; ainsi humide termine, c’est-à-dire l’or notre corps, par la réitération de la liquéfaction en cette eau, notre dissolution se convertira et réduira en soufre et argent vif fixe, et de cette façon le corps parfait du soleil prendra vie en cette eau dans laquelle il se vivifiera, s’inspirera, croîtra et multipliera en son espèce, comme les autres choses. Car en cette eau il se fait que le corps composé de deux corps, du soleil et de la lune s’enfle, se putréfie comme le grain de blé (en terre), s’engrossit et croît, prenant substance et nature animé et végétable.

Aussi notre eau, notre vinaigre susdit est le vinaigre des montagnes, c’est-à-dire du soleil et de la lune, voilà pourquoi il se mêle avec le soleil et la lune, leur adhérant perpétuellement, et le corps prend de cette eau la teinture de la blancheur et avec elle resplendit d’une lueur inestimable. Qui saura donc convertir le corps en argent blanc médicinal pourra facilement convertir par cet or blanc, tous les métaux en argent fin ou or blanc, comme la lune blanche des philosophes, l’argent vif blanc fixe, l’or de l’alchimie et la fumée blanche. Donc sans notre vinaigre antimonial, l’or blanc de l’alchimie ne peut se faire. Et parce qu’en notre vinaigre il y a double substance d’argent vif, l’une de l’antimoine, l’autre du mercure de l’antimoine, l’autre du mercure sublimé, il y a aussi double poids et substance d’argent fixe vif, et supérieure à l’or en couleur naturelle, poids, substance et teinture.

Donc notre eau dissolvante porte une très grande teinture et grande fusion, car quand elle sent le feu commun elle fait fondre l’or et l’argent vif s’il est en elle et tout aussitôt blanche comme elle est, ajoutant au corps, couler, poids et teinture. Elle est aussi dissolvante de toute chose qui peut se liquéfier, et l’eau visqueuse précieuse, résolvant tous les corps crus en leur première matière, comme en terre et poudre visqueuse, comme en soufre et argent vif. Si donc tu mets dans cette eau tout métal limé ou divisé et le laisses quelque temps en douce et lente chaleur, il se dissoudra totalement et se changera en eau visqueuse et en huile blanche, ainsi qu’il a déjà été dit. Ainsi elle amollit les corps et les prépare à la fusion et liquéfaction, comme elle rend toutes choses fusibles, aussi bien les pierres que les métaux, puis elle leur donne esprit et vie. Donc elle dissout toutes choses par solution admirable et convertira le corps parfait en médecine fusible, fondante, pénétrante et plus fixe en poids et couleur.

Travaille donc avec elle et tu auras ce que tu désires, car elle est l’esprit et l’âme du soleil et de la lune, l’huile, l’eau dissolvante, la fontaine, le bain-marie, le feu contre nature, le feu humide, secret, occulte et invisible, le vinaigre très fort duquel un ancien philosophe a dit : « Le Seigneur m’a montré une eau nette que j’ai reconnu être un pur vinaigre altérant. Vinaigre dis-je pénétratif et instrument conduisant l’or et l’argent à la putréfaction, résolution et réduction en leur première matière. C’est l’unique agent en ce monde pour cet art. »

Or, cette eau est une certaine substance claire comme argent pur, laquelle doit recevoir les teintures du soleil et de la lune, afin qu’elle se congèle et se convertisse avec eux en terre blanche et vive. Car cette eau a besoin des corps parfaits afin qu’avec eux, après la dissolution, elle se congèle, se fixe et se coagule en terre blanche, d’autant que leur solution et leur coagulation, parce qu’ils ont une même opération, et l’un ne se peut dissoudre que l’autre ne se congèle. Et il n’y a aucune autre eau qui puisse dissoudre les corps que celle-là, qui demeure permanente avec eux en nature et forme. Voire le permanent ne peut être que de la même nature que celle de l’autre corps, afin qu’ils ne fassent qu’un.

Donc quand tu verras ton eau se coaguler elle-même avec les corps dissous en elle, sois assuré que ta science, ta méthode et tes opérations sont vraies.

La nature s’amende en sa semblable nature, c’est-à-dire que l’or et l’argent s’améliorent en notre eau, comme notre eau avec ces corps. Aussi cette eau est appelée le moyen et le milieu de l’âme, sans lequel on ne peut travailler. Elle est le feu végétable, animal et minéral, conservatif de l’esprit fixe du soleil et de la lune, le destructeur des corps et le vainqueur qui change les formes métalliques, faisant que les corps ne sont plus corps, mais seulement esprits fixes, convertissant ces formes en substance humide, molle et fluide, qui a vertu d’entrer dans les autres corps imparfaits et se mêler avec eux indivisiblement, les teindre et parfaire, ce que ces corps ne pouvaient pas faire auparavant, car ils étaient secs et durs, et cette dureté n’a pas vertu de teinture, ni de perfection. Donc, bien a propos, convertissons-nous les deux corps en substance fluide, d’autant que même teinture teint plus de mille fois en substance molle et liquide, qu’en sèche. Donc la transmutation des métaux imparfaits est impossible par les corps durs. De cela, il faut faire revenir l’humide et révéler le caché, ce qui s’appelle réincruder les corps, soit cuire et amollir jusqu’à ce qu’ils soient privés de leur corporalité dure et sèche, car le sec n’entre point, ni ne teint que soi-même. Donc le corps sec et terrestre ne teint point s’il n’est teint lui-même, car l’épais terrestre n’entre point ni ne teint jusqu’à ce que son esprit occulte soit tiré et extrait de son ventre par notre eau blanche et qu’il soit fait totalement spirituel, blanche fumée, blanc esprit et âme admirable.

Partant, nous devons avec notre eau atténuer les corps parfaits, les altérer et mollifier, afin qu’après ils puissent être mêlés avec les autres corps imparfaits. Voilà pourquoi quand nous n’aurions autre bénéfice et utilité de notre eau Antimoniale que celui-ci, qu’elle rend les corps parfaits, subtils, mous et fluides selon sa nature, il nous suffit. Car elle réduit les corps à la première origine de leur soufre et Mercure, puis après en peu de temps, moins d’une heure ou d’un jour avec eux nous pouvons faire sur la terre ce que la nature a fait dessous aux mines de la terre en mille années, ce quasi miraculeux. Notre secret final est donc, par notre eau faire les corps volatils, spirituels, et eau tingeante, ayant entrée sur les autres corps. Car elle fait des corps un véritable esprit, parce qu’elle insère les corps durs et secs et les prépare à la fusion, c’est-à-dire les convertit en eau permanente.

Elle fait donc des corps une huile très précieuse et bénigne, qui est une vraie teinture et une eau permanente et blanche, de nature chaude et humide tempérée, subtile et fusible comme de la cire, qui pénètre profondément et teint parfaitement. De cette façon notre eau dissout incontinent l’or et l’argent, faisant une huile incombustible, qui peut alors se mêler dans les autres corps imparfaits. D’autant que notre eau convertit les corps en sel fusible, qui est appelé après par les philosophes Sel Albrot (Alembroth) qui est le meilleur des sels, le plus noble, étant fixe au régime et ne fuyant point au feu. Véritablement il est l’huile de nature chaude et subtile, pénétrante, profondante et entrante, appelée Élixir complet et le secret caché des sages Alchimistes.

Celui donc qui connaît ce sel du Soleil et de la Lune, sa génération ou préparation, et sait le mélanger avec les autres métaux imparfaits, celui-là vraiment connaît un très grand secret de la nature et une voie de perfection.

Ces corps ainsi dissous par notre eau sont appelés argent vif, lequel n’est point sans soufre, ni soufre sans nature des luminaires, parce que les luminaires, le Soleil et la Lune, sont les principaux moyens et milieu en la forme par laquelle la nature passe, parfaisant et accomplissant sa génération. Et cet argent vif est appelé sel honoré et animé, et portant génération et feu, vu qu’il n’est que feu, ni feu, vu qu’il n’est que soufre, ni soufre, vu qu’il n’est qu’argent vif, tiré par notre eau du Soleil et de la Lune et réduit en pierre de grand prix, c’est-à-dire cet argent vif est la matière des luminaires altérée, changée et réduite de l’état vil en noblesse. Note que ce soufre blanc est le père des métaux et leur mère, ensemble il est notre Mercure, la minière de l’or, l’âme, le ferment, la vertu minérale, le corps vivant, la médecine parfaite, notre soufre et notre argent vif, c’est-à-dire soufre du soufre, argent vif de l’argent vif, et Mercure du Mercure. Donc la propriété de notre eau est qu’elle liquéfie l’or et l’argent, et augmente en eux leur couleur naturelle. Elle convertit les corps, de leur corporalité en spiritualité.

C’est elle qui envoie dans le corps la fumée blanche qui est l’âme blanche, subtile, chaude et de grande ignéité. Cette eau est aussi appelée la pierre sanguinaire, aussi est-elle la vertu du sang spirituel, sans lequel rien ne se fait et le sujet de toutes choses liquables, et de liquéfaction, qui convient fort bien, et adhère au Soleil et à la Lune, mais plus au Soleil qu’à la Lune, note bien cela. S’appelle aussi le milieu, pour conjoindre les teintures du Soleil et de la Lune avec les métaux imparfaits. Car elle convertit les corps en vraie teinture, pour teindre les autres imparfaits, c’est une eau qui blanchit, ainsi qu’elle est blanche, qui vivifie, ainsi qu’elle est une âme, et comme dit le philosophe, entre bientôt dans son corps. Car c’est une eau vive qui vient arroser sa terre, afin qu’elle germe et donne du fruit en son temps; ainsi toutes choses naissantes de la terre sont engendrées par l’arrosement.

Donc la terre ne germe point sans irrigation, arrosement et humidité. L’eau de la rosée de Mai nettoie ces corps, les, pénètre comme l’eau de la pluie, les blanchit et fait un corps nouveau composé de deux corps. Cette eau de vie gouvernée avec ce corps le blanchit, le convertissant en sa couleur blanche. Or, cette eau est une fumée blanche, et partant le corps se blanchit avec elle. Il te faut donc blanchir ce corps et rompre tes livres. Et entre ces deux, c’est-à-dire entre le corps et l’eau est désir, amitié et société, comme entre le mâle et la femelle, à cause de la proximité de leur semblable nature : car notre eau vive seconde est appelée Azoth blanchissant le laiton, c’est-à-dire le corps composé du Soleil et de la Lune par notre eau première. Cette eau seconde est aussi appelée l’âme des corps dissous, desquels corps nous avons déjà lié ensemble les âmes, afin qu’elles servent aux sages Philosophes. O combien est précieuse et magnifique cette eau! Car sans elle l’Œuvre ne pourrait se parfaire; aussi est-elle nommée le vaisseau de la nature, le ventre, la matrice, le réceptacle de la teinture, la terre et la nourrice, elle est cette fontaine en laquelle se lavent le Roi et la Reine, et la mère qu’il faut mettre et sceller sur le ventre de son enfant qui est le Soleil, qui est sorti et venu d’elle et qu’elle a engendré. Voilà pourquoi ils s’aiment mutuellement, comme la mère et le fils, et se conjoignent si aisément ensemble, parce qu’ils sont venus d’une même et semblable racine, de même substance et nature. Et parce que cette eau est l’eau de vie végétable, elle donne la vie et fait végéter, croître et pulluler ce corps mort, le fait ressusciter de mort à vie, par solution et sublimation, et en une telle opération le corps est changé en esprit, et l’esprit en corps, alors est faite l’amitié, paix et concorde des contraires, c’est-à-dire du corps et de l’esprit, qui entre eux échangent leurs natures, qu’ils reçoivent et se communiquent indivisiblement, si parfaitement, que le chaud se mêle avec le froid, le sec avec l’humide, le dur avec le mou, et de cette façon se fait la mixtion des natures contraires, à savoir, du froid avec le chaud, de l’humide avec le sec et l’admirable conjonction des ennemis. Donc notre dissolution des corps qui se fait en cette première eau, n’est autre chose qu’une mortification de l’humide avec le sec, d’autant que l’humide se coagule toujours par le sec, car l’humidité se contient et s’arrête seulement par la siccité, se terminant en corps ou en terre. Nos corps durs et secs, mets-les donc en notre première eau, en un vaisseau bien clos là où ils demeureront jusqu’à ce qu’ils montent en haut, et alors ces corps pourront être appelés un nouveau corps, l’or blanc de l’Alchimie, la pierre blanche, le soufre blanc non brûlant et la pierre de Paradis, c’est-à-dire la pierre convertissant les métaux imparfaits en argent blanc et fin. Ayant cela, nous avons aussi tout ensemble, le corps, l’âme et l’esprit, desquels esprit et âme, il est dit, qu’on ne les peut extraire des corps parfaits que par la conjonction de notre eau dissolvante, car il est certain que la chose fixe ne se peut élever en haut que par la conjonction de la chose volatile.

L’esprit donc, moyennant l’eau et l’âme, se tirera des corps, lequel corps se fera non-corps, parce que d’un même instant l’esprit avec l’âme des corps monte en haut, à la partie supérieure, ce qui est la perfection de la pierre et s’appelle sublimation. Cette sublimation (dit Florentin Cathalanus) se fait par les choses aigres, spirituelles et volatiles, qui sont de nature sulfureuse et visqueuse, qui dissolvent et font élever les corps en l’air, en esprit. Et en cette sublimation une certaine partie et portion de notre dite eau première, monte en haut avec les corps, se joignant ensemble, ascendant et se sublimant en une moyenne substance, qui tient de la nature des deux, à savoir des deux corps et de l’eau, et partant cette moyenne substance est appelée le composé corporel et spirituel, Corsufle, Combar, Éthelie, Zandarith et le bon Duenech. Toutefois proprement elle s’appelle eau permanente, parce qu’elle ne fuit point au feu, demeurant perpétuellement jointe avec les corps conjoints, c’est-à-dire avec le Soleil et la Lune, leur communiquant une teinture vive, incombustible et très ferme, plus noble et précieuse que la précédente, parce que cette teinture peut couler sur les corps, tout ainsi que l’huile, perçant et pénétrant tout, avec une fixité admirable, parce que cette teinture est l’esprit, et l’esprit est l’âme, et l’âme est le corps; car en cette opération le corps est fait esprit de nature très subtile, et semblablement l’esprit s’incorpore, et se fait de la nature des corps avec les corps, et ainsi notre pierre contient corps, Ame et esprit. O nature, comme tu changes les corps en esprit! Ce que tu ne pourrais faire si l’esprit s’incorporait avec les corps, et si les corps avec l’esprit ne se faisaient volatils, et puis après permanents. Ils ont donc passé les uns dans les autres et se sont convertis ensemble par sapience, comme tu fais l’or volatil et fugitif, encore que naturellement il soit très fixe. Il faut donc dissoudre et liquéfier ces corps avec notre eau, et avec eux faire une eau permanente, eau dorée, sublimée, laissant au fond l’épais terrestre et superflu sec. Et en cette sublimation le feu doit être doux et lent; car si par cette sublimation en feu lent, les corps ne sont purifiés et les plus grossières parties terrestres (note bien) ne sont séparées de l’immondice du mort, tu ne pourras parfaire l’œuvre. Car tu n’as besoin de cette nature subtile et légère, qui monte en haut des corps dissous, laquelle sera aisément donnée par notre eau si tu travailles doucement, elle séparera l’hétérogène de l’homogène.

Notre composé reçoit donc un nettoiement et mondification par notre feu humide, à savoir, dissolvant et sublimant ce qui est pur et blanc, mettant à part les fèces comme un vomissement qui se fait volontairement, dit Azinaban. Car en telle dissolution et sublimation naturelle, il se fait un choix des éléments, une mondification et séparation du pur de l’impur, de sorte que le pur et le blanc monte en haut, et l’impur et terrestre fixe, demeure au fond de l’eau du vaisseau; ce qu’il faut jeter et ôter, parce qu’il est de nulle valeur, prenant seulement fondante, laissant la, moyenne substance blanche, fluente, fondante, laissant le terrestre féculent qui est demeuré du fond, provenu principalement de l’eau, et ce qui reste en ce fond n’est rien que boue et terre damnée ou condamnée, qui ne vaut rien, ni ne peut valoir jamais, comme fait cette claire matière blanche, pure et nette, laquelle seule nous devons prendre. Et en ce rocher Capharée, le plus souvent le navire et savoir des disciples et étudiants en la Philosophie (comme il m’est arrivé autrefois), périt très imprudemment, parce que les Philosophes, le plus souvent enseignent de faire le contraire, savoir qu’il ne faut ôter que l’humidité, c’est-à-dire la noirceur, ce que toutefois ils disent et écrivent seulement pour tromper les grossiers ignorants, qui d’eux-mêmes sans maître, lecture infatigable, ou prière à Dieu Tout-puissant, désirent emporter victorieusement cette bienheureuse toison d’or.

Notez donc que cette séparation, division et sublimation, sans doute, est la clé de toute l’œuvre. Donc après la putréfaction et dissolution de ces corps, nos corps s’élèvent en haut, jusque la superficie de l’eau dissolvant en couleur blanche, et cette blancheur est vie. Car en cette blancheur, avec les esprits du Soleil et de la Lune, est infuse l’âme Antimoniale et Mercuriale qui sépare le subtil de l’épais, le pur de l’impur, élevant peu à peu la partie subtile du corps de ses fèces, jusqu’à ce que tout le pur soit séparé et élevé. Et en ceci s’accomplit notre sublimation philosophique et naturelle, et avec cette blancheur l’âme est infuse au corps, c’est-à-dire la vertu minérale, qui est plus subtile que le feu, vu qu’elle est une vraie quintessence et vraie vie, qui désire et espère naître et se dépouiller des grosses impuretés terrestres qu’elle a prises du menstruel et de la corruption de son lieu d’origine. Et en ceci est notre sublimation philosophique, non pas avec le Mercure vulgaire inique, qui n’a nulle qualité semblable à celles desquelles est orné notre Mercure extrait de ses cavernes Vitrioliques, mais revenons à notre sublimation. Il est donc certain en cet art, que cette âme extraite des corps, ne se peut élever que par apposition de la chose volatile qui est de son genre, par laquelle les corps sont rendus volatils et spirituels en s’élevant, subtilisant et sublimant contre leur nature corporelle propre, grave et pesante, en laquelle façon ils se font incorporels et quintessence de la nature des esprits, laquelle est appelée l’oiseau d’Hermès et le Mercure extrait du cerf rouge, et ainsi demeurent en bas les parties terrestres ou plutôt les parties les plus grossières des corps, lesquelles ne peuvent se dissoudre parfaitement par aucun subtil moyen, ni artifice d’esprit.

Et cette fumée blanche, cet or blanc, cette quintessence, est aussi appelée la magnésie composée, laquelle contient comme l’homme, corps, âme et esprit. Son corps est la terre fixe du Soleil qui est plus que très subtile, laquelle s’élève en haut, pesamment par la force de notre eau divine. Son âme est la teinture du Soleil et de la Lune, procédant de la conjonction de ces deux, et l’esprit est la vertu minérale des deux corps et de l’eau, qui porte l’âme ou la teinture blanche sur les corps, et des corps, ainsi que par l’eau sur le drap est portée la teinture des teintures.

Et cet esprit Mercurial est le lien de l’âme Solaire, et le corps Solaire est le corps de la fixion contenant avec la Lune, l’esprit et l’âme. L’esprit donc pénètre le corps, fixe, conjoint l’âme, teint et blanchit, de ces trois unis ensemble se fait notre Pierre, c’est-à-dire du Soleil, de la Lune et Mercure. Donc avec notre eau dorée, se tire la nature, surmontant toute nature, et si les corps ne sont pas dissous par notre eau, imbus par elle, amollis, doucement et diligemment régis, jusqu’à ce qu’ils laissent leur grosseur et épaisseur, et se changent en un subtil esprit, impalpable, notre labeur sera toujours vain; parce que si les corps ne sont changés en incorporels, c’est-à-dire en Mercure des Philosophes, on ne trouve point encore la règle de l’Art, parce qu’il est impossible d’extraire des corps cette très subtile âme qui contient en soi toutes teintures, si premièrement ces corps ne sont fondus en notre eau. Dissous donc les corps dans l’eau dorée décuis-le jusqu’à tant que par la force et vertu de l’eau toute la teinture sort en couleur blanche, ou en huile blanche; et quand tu verras cette blancheur sur l’eau, sache qu’alors les corps sont liquéfiés. Continue encore ta décoction jusqu’à ce qu’ils enfantent la nuée qu’ils ont déjà conçue ténébreuse, noire et blanche.

Tu mettras donc les corps parfaits dans notre eau en un vaisseau scellé hermétiquement, que tu tiendras sur un feu doux, jusqu’à ce que tout soit résous en huile très précieuse. Cuis (dit Adfar) avec un doux feu, comme pour de la nourriture et éclosion des œufs de poule, jusqu’à ce que les corps soient dissous et que leur teinture (note bien) qui sera très amoureusement conjointe l’une avec l’autre, sorte entièrement. Car elle ne sort et ne s’extrait pas toute à la fois, mais seulement petit à petit, chaque jour, chaque heure, jusqu’à ce qu’après un long temps cette dissolution soit entièrement faite, et ce qui est dissous, dès l’instant s’en aille sur l’eau. Il faut qu’en cette solution le feu soit très lent, doux et continuel, jusqu’à ce que les corps soient faits eau visqueuse, impalpable, et que toute la teinture sort, au commencement de couleur noire, puis ensuite par de longues décoctions, elle se fasse eau blanche et permanente. Car la régissant en son bain, elle se fait claire puis devient finalement comme de l’argent vif vulgaire, montant sur les airs, sur l’eau première. Enfin, quand tu verras les corps dissous en eau visqueuse sache qu’alors ils sont convertis en vapeur et que tu as les âmes séparées de tes corps morts, et qu’elles sont mises en ordre par la sublimation et état des esprits, et par-là les deux corps avec une portion de notre eau, sont faits esprits volant et montant en l’air, et que là le corps composé du mâle et de la femelle, du Soleil et de la Lune, de cette très subtile nature nettoyée par la sublimation, prend vie, est inspiré par son humeur, par son eau, comme l’homme par l’air, voilà pourquoi dorénavant il multiplie et croît en son espèce, comme toutes les autres choses du monde. En cette élévation et sublimation philosophique, ils se conjoignent les uns les autres, et le corps nouveau inspiré de l’air, vit végétablement, ce qui est miraculeux. Donc, si par l’eau et par le feu les corps ne sont subtilisés jusqu’à ce point, qu’ils puissent monter comme les esprits, jusqu’à ce qu’ils soient comme eau, fumée ou Mercure, on ne fait rien en l’Art.

Toutefois, montant comme les esprits, ils baissent en l’air et se changent en air, se font vie avec la vie, de sorte qu’ils ne peuvent plus se séparer, de même que de l’eau mélangée avec de l’eau. C’est pour cela qu’on dit que la pierre naît sagement de l’air, parce qu’elle est entièrement spirituelle. Car ce vautour volant sans ailes, crie sur la montagne : je suis le blanc du noir et le rouge du blanc, et le citrin enfant du rouge, je dis vrai et ne mens point. Il te suffit donc de mettre le corps dans ton eau et dans le vaisseau, et puis le bien clore, jusqu’à ce que la séparation soit faite, qui est appelée par les envieux conjonction, sublimation, extraction, putréfaction, ligation, épousailles, subtiliation, génération, etc., et que tout le magistère soit parfait. Fais donc ainsi comme la génération de l’homme et de tous les végétaux, mets seulement une fois la semence en la matrice et puis clos-la bien. Tu vois par ce moyen que nous n’avons pas besoin de plusieurs choses et que notre œuvre ne requiert point de nombreuses espèces, parce qu’il n’y a qu’une seule pierre, une seule médecine, un vaisseau, un régime, une disposition successive, tant au blanc qu’au rouge. Et bien que nous disions souvent, prenez ceci, prenez cela, nous n’entendons point qu’il faille prendre rien qu’une chose, qu’il faut mettre une seule fois et puis clore le vaisseau, jusqu’à ce que l’œuvre soit parfaite. Car les Philosophes envieux disent qu’il faut prendre diverses choses afin d’égarer les ignorants et lourdauds, comme il a déjà été dit. Cet art n’est-il pas aussi Cabalistique et plein de très grands secrets? Et toi fat, tu crois que nous enseignons clairement les secrets des secrets? Prends-tu les paroles selon le son des mots? Sache certainement (et je ne suis aucunement envieux comme les autres), que toute personne qui prend les paroles des autres Philosophes selon la signification vulgaire des mots ordinaires, déjà celui-là, ayant perdu le fil d’Ariane dans les détours du labyrinthe, erre totalement et destine son argent à la perdition. Et moi-même, Artéphius, après avoir appris tout l’art dans les livres du véritable Hermès, j’ai été comme les autres envieux. Mais, comme j’ai vu en l’espace de mille ans, ou peu s’en faut (lesquels mille ans sont déjà passés sur moi depuis ma naissance, par la grâce du seul Dieu Tout-puissant et l’usage de cette admirable quintessence), comme j’ai vu en ce long espace de temps que personne ne parfaisait le magistère d’Hermès, à cause de l’obscurité des mots des Philosophes, animé de piété et de la probité d’un homme de bien, j’ai résolu en ces derniers jours de ma vie, d’écrire le tout sincèrement et vraiment, afin qu’on ne puisse rien désirer de plus pour faire l’œuvre, qu’on ait (j’excepte certaine chose qu’il n’est loisible à personne de dire ni écrire, parce que cela révèle toujours par Dieu, ou ai encore que cela maître); encore que cela même peut s’apprendre facilement dans qu’on ait un peu d’expérience et la tête point trop dure. J’ai donc écrit en ce livre, la vérité toute nue, la couvrant néanmoins de petits haillons, afin que tout homme de bien et sage puisse cueillir heureusement de cet arbre philosophique, les pommes admirables des Hespérides. Et pour cela, loué soit Dieu très haut qui a mis cette bienveillance en notre âme, et avec une très longue vieillesse, nous a donné cette dilection de cœur, par laquelle il me semble que j’embrasse, chéris et aime vraiment tous les hommes.

Mais revenons à l’art. Véritablement notre œuvre s’achève tôt, car ce que le Soleil produit en cent ans aux minières de la terre pour la génération d’un seul métal (ainsi que j’ai vu souvent), notre feu secret c’est-à-dire notre eau ignée, sulfureuse, qui est nommée Bain Marie le fait en peu de temps. Et cette œuvre n’est point de grand labeur à celui qui l’entend et la sait, voire sa matière n’est point si chère (vu qu’une petite quantité suffit), parce qu’elle est si brève et si facile, qu’à bon droit elle est appelée un ouvrage de femmes et un jeu d’enfants.

Travaille donc courageusement, mon fils, prie Dieu, lis assidûment les livres, car un livre ouvre l’autre, penses-y profondément, fuis les choses qui s’enfuient et s’évanouissent au feu, parce que ton intention ne doit point être aux choses combustibles et adustibles, mais seulement dans la coction de ton eau extraite de tes luminaires. Car par cette eau la couleur et poids se donnent jusqu’à l’infini, laquelle est une fumée blanche qui déflue dans les corps parfaits ainsi qu’une âme, leur ôtant entièrement la noirceur et immondicité, consolidant les deux corps en un, multipliant leur eau, et il n’y a pas autre chose qui puisse ôter aux corps parfaits, c’est-à-dire au Soleil et à la Lune, leur vraie couleur qu’Azoth, soit cette eau qui colore et rend blanc le corps rouge selon les régimes.

Mais traitons maintenant des feux. Notre feu est minéral, égal, continu et ne s’évapore point s’il n’est trop excité; il participe du soufre, est pris ailleurs que de la matière, il dérompt tout, dissout, congèle et calcine, il est artificiel à trouver et d’une dépense sans frais, du moins très peu élevée. Il est aussi humide, vaporeux, digérant, altérant, pénétrant, subtil, aérien, non violent, sans brûlure, circondant et environnant, contenant, unique, c’est la fontaine d’eau vive qui entoure et contient le lieu où se baignent le Roi et la Reine. En toute l’œuvre ce feu humide te suffit, au commencement, au milieu et à la fin.

Car en celui-ci consiste tout l’art, c’est un feu naturel, contre nature, innaturel et sans brûlure; enfin, ce feu est chaud, sec, humide et froid, pense sur ceci et travaille convenablement, ne prenant point les natures étrangères.

Que si tu n’entends point ces feux, écoute bien ceci que je te confie de la plus abstruse et occulte cavillation des anciens Philosophes, et qui n’a jamais encore été écrit dans les livres jusqu’à présent.

Nous avons proprement trois feux, sans lesquels l’art ne se peut parfaire, et celui qui sans eux travaille, se donne beaucoup de peine en vain. Le premier est le feu de la lampe, lequel est continuel, humide, vaporeux, aérien et artificiel à trouver. Car la lampe doit être proportionnée à la clôture, et en cette lampe il faut faire preuve de grand jugement, ce qui ne vient pas à la connaissance de la cervelle dure, parce que si le feu de la lampe n’est géométriquement et congrûment adapté au fourneau ou par défaut de chaleur, tu ne verras point les signes attendus en leur temps, et par trop longue attente tu perdras l’espérance, ou bien s’il est trop véhément tu brûleras les fleurs de l’or et plaindras tristement tes labeurs. Le second feu est de cendres, dans lesquelles le vaisseau scellé hermétiquement demeure assis, ou plutôt c’est cette chaleur très douce qui contourne le vaisseau provenant de la vapeur tempérée de la lampe. Ce feu n’est point violent, s’il n’est trop excité, il est digérant, altérant et se prend ailleurs que de la matière, il est unique, il est aussi humide, etc. Le troisième est le feu naturel de notre eau, qui à cause de cela est appelé feu contre nature, parce qu’il est eau et toutefois elle fait que l’or devient esprit véritable, ce que le feu commun ne saurait faire, celui-ci est minéral, égal, participe du soufre, rompt, congèle, dissout et calcine tout; il est pénétrant, subtil, non brûlant, c’est la fontaine dans laquelle se lavent le Roi et la Reine, duquel nous avons toujours besoin, au commencement, au milieu et à la fin. Des autres deux feux susdits nous n’en avons pas toujours besoin, mais quelquefois seulement. Conjoins donc en lisant les livres des Philosophes, ces trois sortes de feux et sans doute tu entendras toutes les cachotteries de leurs feux.

Quant aux couleurs, qui ne noircit point ne peut blanchir, parce que la noirceur est le commencement de la blancheur, le signe de la putréfaction et altération, et que le corps est déjà pénétré et mortifié. Donc la putréfaction en cette eau, premièrement t’apparaîtra la couleur noire semblable au brouet sanglant poivré. Puis après la terre noire se blanchira par une continuelle décoction, car l’âme des deux corps surnage sur l’eau comme de la crème blanche, et en cette seule blancheur tous les esprits s’unissent, de sorte que depuis ils ne s’en peuvent fuir les uns des autres. Il faut donc blanchir le laiton et rompre les livres, afin que nos cœurs ne se détrompent point, parce que cette entière blancheur est la vraie pierre au blanc et le corps noble par la nécessité de la fin, et la teinture de blancheur d’une très exubérante réflexion, qui ne fuit point étant mêlée avec un corps. Note donc ceci, que les esprits ne sont point fixes qu’en la couleur blanche, laquelle par conséquent est plus noble que les autres couleurs et doit être plus désirablement attendue, vu qu’elle est comme quasi tout l’accomplissement de l’œuvre Car notre terre se putréfie premièrement en noirceur, puis elle se nettoie en l’élévation, après elle se dessèche et la noirceur s’en va, alors elle se blanchit, et périt le ténébreux empire humide de la femme; alors aussi la fumée blanche pénètre dans le corps nouveau et les esprits se resserrent en la sécheresse, et le corrompu, déformé et noir par l’humidité, s’évanouit, alors le corps nouveau ressuscite, clair, blanc et immortel, emportant la victoire sur tous les ennemis. Et comme la chaleur agissant sur l’humide engendre la noirceur, qui est la première couleur, de même en cuisant toujours, la chaleur agissant sur le sec engendre la blancheur, qui est la seconde couleur, puis après engendre la citrinité et la rougeur agissant sur le pur sec, voilà pour les couleurs.

Il nous faut donc savoir que la chose qui a la tête rouge et blanche, les pieds blancs et puis rouges, et auparavant les yeux noirs, que cette seule chose est notre magistère. Dissous donc le Soleil et la Lune en notre eau dissolvante qui leur est familière et amie, et de leur nature prochaine, qui leur est douce et comme une matrice, mère, origine, commencement et fin de vie, qui est la cause qu’ils prennent amendement en cette eau, parce que la nature se réjouit avec la nature, et que la nature contient la nature et avec elle ce conjoint en vrai mariage, et qu’ils se font une seule nature, un corps nouveau ressuscité et immortel. Et ainsi il faut conjoindre les consanguins avec les consanguins, alors ces natures se suivent les unes les autres, se putréfient, engendrent et se réjouissent, parce que la nature se régit par la nature proche et amie. Notre eau donc (dit Danthin), est la fontaine belle, agréable et claire, préparée seulement pour le Roi et la Reine, qu’elle connaît très bien et eux, elle. Car elle les attire à soi et eux demeurent en elle à se laver deux ou trois jours c’est-à-dire, deux ou trois mois, et les fait rajeunir et rend beaux. Et parce que le Soleil et la Lune ont leur origine de cette eau, leur mère; il faut que derechef ils entrent dans le ventre de leur mère, afin de renaître de nouveau et qu’ils deviennent plus robustes, plus nobles et plus forts. Et si ceux-ci ne meurent et ne se convertissent en eau, ils demeureront tout seuls et sans fruit. Mais s’ils meurent et se résolvent en notre eau, ils apporteront un fruit centième, et du lieu duquel il semblait qu’ils eussent perdu ce qu’ils étaient, de ce même lieu ils apparaîtront ce qu’ils n’étaient auparavant. Donc avec le Soleil et la Lune, fixez avec très grande subtilité l’esprit de notre eau vive. Car ceux-ci convertis en nature d’eau, ils meurent et sont semblables aux morts, toutefois de là puis après inspirés, ils vivent, croissent et multiplient comme toutes les autres choses végétables. Il te suffit donc de disposer extrinsèquement, la matière, car elle œuvre suffisamment pour sa perfection en son intérieur. Car la nature a en soi un mouvement inhérent certain et selon la vraie voie, meilleur qu’aucun ordre qui puisse être imaginé par l’homme. Donc tu prépares seulement et la nature parachèvera. Car si elle n’est empêchée par le contraire, elle ne passera pas son mouvement qu’elle a certain, tant pour concevoir que pour enfanter. Garde-toi donc seulement après la préparation de la matière que tu n’échauf fes trop le bain. Et pour le dernier que tu ne laisses fuir les esprits a affligeraiente celui qui travaillerait, l’opération serait détruite et donnerait au Philosophe beaucoup d’infirmités c’est-à-dire, de tristesses et de colères. De cela est tiré cet axiome, savoir que par le cours de la nature, celui qui ignore la production des métaux ignore aussi leur destruction. Donc il te faut conjoindre les parents, car les natures trouvent leurs natures semblables et en se putréfiant se mêlent ensemble, se mortifient et puis se revivifient. Il est donc nécessaire de connaître cette corruption et génération, comment les natures s’embrassent et se pacifient au feu lent, comment la nature se réjouit par la nature, comment la nature retient la nature et la convertit en nature blanche. Après cela si tu veux rubifier il te faut cuire ce blanc en un feu sec et continuel, jusqu’à ce qu’il se rougisse comme le sang, lequel alors ne sera autre chose que feu et vraie teinture. Et ainsi par le feu sec continuel, se change, corrige et parfait la blancheur, se citrinise et acquiert la rougeur et vraie couleur fixe. D’autant que plus ce rouge se cuit, plus il se colore et se fait teinture de plus parfaite rougeur. Il faut donc par un feu sec et par une calcination sèche sans humeur, cuire le composé, jusqu’à ce qu’il soit vêtu de couleur très rouge et qu’il soit parfait élixir.

Si après tu le veux multiplier, il te faut derechef résoudre ce rouge en nouvelle eau dissolvante, et puis par décoction, le blanchir et rubifier par les degrés du feu, réitérant le premier régime. Dissous, congèle, réitère, fermant la porte, rouvrant et en quantité et qualité à ta volonté. Car par nouvelle corruption et génération, s’introduit de nouveau un mouvement neuf et ainsi nous ne pourrions point trouver la fin si nous voulions toujours travailler par réitération de solution et coagulation, par le moyen de notre eau dissolvante, c’est-à-dire dissolvant et congélant comme il a été dit pour le premier régime.

Et ainsi sa vertu s’augmente, multiplie en quantité et qualité, de sorte que si en ta première œuvre une partie de ta pierre teignait cent, la seconde fois teindra mille, la troisième dix mille, et ainsi si tu poursuis ta projection, viendra jusqu’à l’infini, teignant vraiment, parfaitement et fixement, en quelle quantité que ce soit, et ainsi par une chose de vil prix, on ajoute la couleur, la vertu et le poids.

Donc notre feu et Azoth te suffit, cuis, cuis, réitère, dissous, congèle, continuant ainsi à ta volonté et multipliant tant que tu voudras, jusqu’à ce que ta médecine soit fusible comme la cire et qu’elle ait la quantité et la vertu que tu désires. Tout l’accomplissement de l’œuvre ou de notre pierre seconde (note bien ceci) consiste en ce que tu prennes le corps parfait que tu mettras en notre eau dans une maison de verre bien close, et bouchée avec du ciment, afin que l’air n’y entre point et que l’humidité enclose ne s’enfuie, que tu tiendras en digestion à chaleur douce et lente, très tempérée, semblable à celle d’un bain ou fumier, sur lequel avec le feu, tu continueras la perfection de la décoction jusqu’à ce qu’il se pourrisse et soit résous en couleur noire, puis s’élève et se sublime par !’eau afin que par là il se nettoie de toute noirceur et ténèbres, se blanchisse et subtilise, jusqu’à ce qu’il vienne en la dernière pureté de la sublimation, se fasse volatil et blanc dedans et dehors. Car le vautour volant en l’air sans ailes, crie afin de pouvoir aller sur le mont, c’est-à-dire sur l’eau, sur laquelle l’esprit blanc est porté. Alors continue ton feu convenablement et cet esprit, cette subtile substance du corps et du Mercure, montera sur l’eau, laquelle quintessence est plus blanche que la neige, continue encore à la fin, fortifiant le feu jusqu’à ce que tué tout le spin monte en haut. Car sache que tout ce qui sera clair, pur et spirituel, montera en haut en l’air sous forme de fumée blanche, que les Philosophes appellent le lait de la Vierge.

Il faut donc (comme disait la Sibylle) que de la terre le fils de la Vierge soit exalté, et que la quintessence blanche après sa résurrection s’élève vers les cieux, et qu’au fond du vaisseau et de l’eau demeurent le gros et l’épais, car une fois le vaisseau refroidi tu trouveras au fond les fèces noires et brûlées, séparées de l’esprit et de la quintessence blanche, que tu dois jeter. En ce temps, l’argent vif plut de notre air sur notre terre nouvelle, lequel est appelé argent vif sublimé par l’air, duquel se fait l’eau visqueuse, nette et blanche qui est la vraie teinture séparée de toute fèce noire, et ainsi notre laiton se régit avec notre eau, se purifie et s’orne de la couleur blanche, laquelle couleur ne se fait que par la décoction et coagulation de l’eau. Cuis donc continuellement, ôte la noirceur du laiton, non avec la main, mais avec la pierre, ou le feu, ou avec notre eau Mercuriale seconde qui est une vraie teinture. Car cette séparation du pur de l’impur, ne se fait point avec les mains, d’autant que c’est la nature seule qui la parfait véritablement, ouvrant circulairement à la perfection.

Donc il apparaît que cette composition n’est point un ouvrage manuel, mais seulement un changement de natures. Parce que la nature elle-même se dissout et conjoint, se sublime, s’élève et blanchit ayant séparé les fèces. Et en telle sublimation se conjoignent toujours les parties plus subtiles, plus pures et essentielles, d’autant que quand la nature ignée élève les plus subtiles, elle élève toujours les plus pures et, par conséquent, laisse les plus grosses. Pour cela il faut par un feu médiocre continuel, sublimer en la vapeur, afin que la pierre s’inspire en l’air et puisse vivre. Car la nature de toutes les choses prend vie de l’inspiration de l’air et aussi tout notre magistère consiste en vapeur et sublimation de l’eau. Il faut donc élever notre laiton par les degrés du feu et qu’il monte en haut librement de soi-même, sans violence, partant si le corps par le feu et l’eau n’est atténué et subtilisé jusqu’à ce qu’il monte ainsi qu’un esprit, ou comme l’argent vif fuyant, ou comme l’âme blanche séparée du corps et emportée en la sublimation des esprits, il ne se fait rien en cet art. Toutefois, lui montant ainsi en haut, il naît en l’air et se change en air, se faisant vie avec la vie, étant entièrement spirituel et incorruptible. Ainsi par tel régime, le corps se fait esprit de subtile nature et l’esprit s’incorpore avec le corps, et se fait un avec lui. En cette sublimation, conjonction et élévation, toutes choses se font blanches.

Donc cette sublimation Philosophique et naturelle est nécessaire, qui compose la paix entre le corps et l’esprit, ce qui ne peut se faire autrement que par cette séparation de parties. Voilà pourquoi il faut sublimer les deux ensemble, afin que le pur monte et l’impur terrestre descende en la perturbation et tempête de la mer houleuse. De là, il faut cuire continuellement, afin que la matière devienne en nature subtile et que le corps attire à soi l’âme blanche Mercurielle qu’elle retient naturellement, et ne la laisse point séparer de soi, parce qu’elle lui est égale en proximité de nature première, pure et simple. Il ressort de cela qu’il faut, par la décoction, faire la séparation jusqu’à ce que rien ne demeure plus de la graisse de l’âme, qui ne soit élevé et exalté en la partie supérieure, car ainsi les deux seront réduits à une simple égalité et simple blancheur. Donc le Vautour volant par l’air, et le Crapaud marchant sur terre, est notre magistère. Quand tu sépareras doucement avec grande attention la terre de l’eau, c’est-à-dire du feu, et le subtil de l’épais, montera de la terre au Ciel ce qui sera pur, et ce qui sera impur descendra en la terre, et la plus subtile partie prendra en haut la nature de l’esprit, et en bas la nature du corps terrestre. Par cette opération on élève la nature blanche avec la plus subtile partie du corps, laissant les fèces, ce qui se fait bientôt, car l’âme est aidée par son associée et parfaite par elle. Ma mère (dit le corps) m’a engendré, et par moi elle s’engendre. Toutefois, après qu’elle a pris son vol, elle est pleine d’autant de piété qu’on saurait désirer, chérissant et nourrissant son fils jusqu’à ce qu’il soit parvenu à l’état parfait. Or, écoute ce secret : garde le corps en notre eau Mercuriale jusqu’à ce qu’il monte en haut avec l’âme blanche, et que le terrestre descende en bas, qui est appelé la terre restante, alors tu verras l’eau se coaguler avec son corps, et seras assuré que la science est vraie, parce que le corps coagule son humeur en siccité, comme le lait caillé de l’agneau coagule le lait en fromage, en cette façon l’esprit pénétrera le corps et la commixtion se fera parfaitement, et le corps attirera à soi son humeur, c’est-à-dire son âme blanche, de même que l’aimant attire le fer à cause de la similitude et proximité de leur nature, et de son avidité, alors l’un contiendra l’autre, et cela est notre sublimation et coagulation, qui retient toute chose volatile et fait qu’il n’y a plus de fuite.

Donc cette composition n’est point une opération manuelle, mais (comme j’ai déjà dit) c’est un changement de natures et une connexion et liaison admirable du froid avec le chaud et de l’humide avec le sec. Car le chaud se mêle avec le froid, le sec avec l’humide, et par ce moyen se fait la commixtion et conjonction du corps et de l’esprit, qui est appelée la conversion des natures contraires. Car dans une telle solution et sublimation, l’esprit est converti en corps et le corps en esprit, ainsi donc mêlées ensemble, et réduites en un, les natures se changent les unes les autres, parce que le corps incorpore l’esprit et l’esprit change le corps en esprit teint et blanc.

De là (et voici la dernière fois que je te le dirai) décuis-le en notre eau blanche, c’est-à-dire dans du Mercure, jusqu’à ce qu’il soit dissous en noirceur, puis après par décoction continuelle, sa noirceur se perdra et le corps ainsi dissous; à la fin, montera avec l’âme blanche, alors l’un se mêlera dans l’autre et ils s’embrasseront de telle façon qu’ils ne pourront plus jamais être séparés, et alors dans un réel accord l’esprit s’unit avec le corps et se font permanents; cela est la solution du corps et coagulation de l’esprit qui ont une même et semblable opération. Qui saura donc marier, engrosser, mortifier, putréfier, engendrer, vivifier les espèces, donner la lumière blanche et nettoyer le Vautour de la noirceur et ténèbres jusqu’à ce qu’il soit purgé par le feu, coloré et purifié de toutes macules, il sera possesseur d’une si grande dignité, que les Rois lui feront grand honneur.

Que notre corps demeure en l’eau jusqu’à ce qu’il soit dissous en poudre nouvelle au fond du vaisseau et de l’eau, laquelle est appelée cendre noire, et cela est la corruption du corps qui par les Sages est appelée Saturne, Laiton, Plomb des Philosophes et la poudre discontinuée.

Et en cette putréfaction et résolution du corps apparaîtront trois signes : la couleur noire, la discontinuité et séparation des parties à l’odeur puante qui est semblable à celle des sépulcres. Cette cendre est donc celle de laquelle les Philosophes ont tant parlé, qui est restée dans la partie inférieure du vaisseau, que nous ne devons pas mépriser, car en elle est le Diadème de notre Roi, et l’argent vif, noir, immonde, duquel on doit ôter la noirceur en le décuisaint continuellement dans notre eau, jusqu’à ce qu’il s’élève en haut en couleur blanche, qui est appelée l’Oie et le Poulet d’Hermogène. Donc qui ôte la noirceur de la terre rouge et puis la blanchit, possède le magistère, de même que celui qui tue le vivant et ressuscite le mort. Blanchis donc le noir et rougis le blanc, afin que tu parachèves l’œuvre Et quand tu verras apparaître la vraie blancheur resplendissante comme le glaive nu, sache que la rougeur est cachée, en elle, alors il ne te faut point tirer cette poudre blanche hors du vaisseau, mais seulement il te faut toujours cuire, afin qu’avec la calidité et siccité, survienne finalement la citrinité et la rougeur très étincelante, laquelle voyant avec une grande terreur tu loueras à l’instant le Dieu très bon et très grand qui donne la sagesse à ceux qu’il veut, et par conséquent les richesses, et selon l’iniquité des personnes les leur ôte et soustrait perpétuellement, les plongeant en la servitude de leurs ennemis. Dieu auquel soit louange et gloire, aux siècles des siècles. Amen.

FIN

 


Discourse on the Fountain of Philosophical Salt by Solinus SALTZAL

 

[ Translated from the Latin by Patricia Tahil --  Produced by RAMS (Restoration of Alchemical Manuscripts Society), 1986 ]


I happened one day to be taking a rest from my work. I was not thinking about chemistry at all. So I began to put my laboratory in order, picking up the glass instruments, pots, and other vessels that were lying here and there. I also repaired some furnaces. Finally, when I had spent the whole day on these tasks, I was tired, and sat down on one of the chairs at the table. Sleep came over me very swiftly. I had scarcely closed my eyes when someone opened the door.

I saw a funny little man. He greeted me warmly. And said that he was a student of chemistry and wanted me to teach him. He said that he had come to meet me because he had heard about my work. I began a conversation with him and asked him how he liked my instruments. Then he asked me which operations I used them for. I told him that I was looking for the stone. He smiled and said that he thought I must be using such remarkable instruments to deceive careless people. He said I would see that I had really been deceiving myself instead. I have never let embarrassment get in the way of my learning something. Besides, I could see that what he said was true, and I was well aware of my shortcomings. I asked him whether he had an easier way, and whether I neede more instruments of various kinds. He said, "I see that you don’t consider it a disgrace to learn something and to admit your ignorance. Many people I have visited do feel disgraced. But you want to profit from what I have to say. So I will show you things that very few people out of many thousands have ever seen". When he had said that he started to leave, and I followed him. He looked back, saw me following him, and said: "Now I know that you have a great desire to learn, since you are determined to follow me". Then he took my hand and led me out past the city gate.

There, put in to shore, was a small boat called Reason. We got in and set out over the water with the help of two oars. Soon we could no longer see the city, which was called Ignorance. We had just passed by the towers of a city called Arrogance when we caught sight of a high mountain, it could be. He told me it was the Salt Mountain, and that its salt water gave moisture to a kingdom located in that region, a kingdom called Earth. The water made it so fertile that animals, plants, and metals grew there in a most remarkable way. And if that mountain were not there, the entire fabulous kingdom would perish in an instant. But as long as the mountain lasted, the kingdom would be so abundantly fertile that it would never lack for anything it needed. To promote this great fertility, gold grew there in such abundance that there was always work for the miners. When I had heard this, I answered: "If this water nurtures all things with its power and consequently causes even gold to grow, it should rightly be called the moist radical, or philosophic mercury".

He said: "I see that you have spoken intelligently. You have observed that this water of the wise is quicksilver, the same thing that makes metals become alive and begin to grow. So that you can learn more about this matter, we will direct the course of our boat to it". I obeyed his words and took up the oars with a sorrowful heart. With words and labor I tried to move the boat forward, and in a short time we had made good progress. Finally, after great effort, I put to shore at the salt mountain.

Then I anchored the boat called Reason so firmly that the waves could never move it from that spot. We began to climb the mountain, which was dripping with moisture, and after twenty paces caught sight of some hermitages. Here members of the Rosicrucian Order were living on the fruit of the mountain. The old man listened to what they were saying, and then led me up to the mountain.

I saw a sumptuous fountain springing out of a statue of Venus. Its water was salty. There was a stone basin to receive it, and in the middle of the basin stood the statue, atop a white swan. The water was sent down through various small pipes into that stone coffer. Some of it overflowed the rims and ran off. Along the fours ides of this fountain stood four animals --- a green lion, a white unicorn, a basilisk, and a dragon. On their backs they bore four white marble columns, and these were joined at the top by arches in the form of a cross. Mercury was sitting above the crossing, and on his head a winged Fortune was standing on one foot. As for the nature of the water, it stayed salty for a while, and was shimmering in color, though really transparent, clear, and crystalline. Then, because my servant wanted to have something to remember this moment forever, I told him to climb to the rim of the fountain and draw up some water. But he leaned over too far and fell into the water, and before I could get hold of him, he vanished under the water. Part of him was transmuted into water and part went up into the air like smoke. When the old man saw that, he handed me an optical tube so that I could watch where the vapor went. I saw it filter down to a certain traveler walking along the road. He took it in with the air he was breathing. Then the old man said: "Behold, now the water of the fountain is prepared. Its water has been transmuted into animal substance. The water from your servant has brought that about. Now it is like female seed, ready to receive forms from animal sperm, if only they can come together". As I walked around the fountain and looked at it closely, I saw a pipe coming down from the mountain, a pipe that was connected to the fountain and had a stopper that was easy to open. I asked the old man what it was for, and he told me that the fountain flowed away from that place. Moistened the earth, and united to it all kinds of animal seed. Then all kinds of birds, worms, and animals grew from the union. But when the stopper closed, the fountain could not flow out. After this explanation, the old man went on to say: "Behold how powerful this fountain is. It joins itself with animal seed and grows along with it. Do you see how it frees all animal bodies through its own ardent love, which is charged with magnetic force? It makes whatever is fixed similar to itself; but whatever is volatile, namely, masculine seed, it leaves free to soar. When the seed comes back, now grown heavy, it fixed it, so that the fountain can carry on the solution and coagulation without pause. Therefore, if you can purge dissolved water, recombine it with fixed water, and then fix it, you will have a much more excellent compound than you had before. Using this water, you will soon manage to get a deeper understanding of all animals. You will then come up with the true philosophic medicine derived from all animals". Then I asked the old man the name of this water. He said it was called universal doubled mercury, also microcosmic mercury. Then he said: "The water of the fountain was once universal at all three mountains, but now because of your servant it has become microcosmic.  So an inscription has been placed over the fountain: Make mercury through mercury through mercurial water. The smoke that rose up from the fountain your servant fell in is called sublimated mercury. It was bound and constricted by means of fixed water, and now by the same means it can be bound over again". Next I asked him the location of the fountain, and whether there was any other like it. The old man replied as follows: "There is no other fountain like it among all animal things. Only this one can bind itself with the volatile, sublimated mercury derived fro all animal things, and only this one can put on their form. The place where it is found is called Pansoma". Then the old man ordered me to fill a phial with that water. When I had filled it, I tried hard to glimpse my servant in it, but he had dissolved in the mysterious, greenish water. Afterward we left the first fountain and moved on to the second, which was sumptuously decorated wit a statue of Venus just like the other one. Its four sections were connected by four elm trees forming a cross from above. Alongside were vines with clusters of grapes on which another Mercury was displayed. As before, Fortune stood above it. The properties of this water are the same as the water of the first fountain before it was changed by my servant. Then I asked the old man another question about this fountain --- if its water were sprinkled over the earth, would it cause it to grow? He said it would not: "this fountain cannot unite with any sublimated mercury unless it has been fermented with the fixed salt water of its kingdom and transmuted". Then the old man took a knife and cut off a cluster of grapes and threw it into the water, where it vanished at once. A fine vapor rose from it. At that moment the old man handed me a phial in which to catch the vapor. When I had caught it, he poured in a little of the salt water from the fountain. In the middle of the phial a volatile vapor, once again fixed, took form. A stone also took form, which he called the vegetable stone of the philosophers. He said that in this way all the best essences could be extracted from vegetable things, if they were dissolved in this water and again coagulated. When I asked him to open the small pipe leading from the fountain, he complied at once. With the pipe open, all the earth around it was moistened with dew, and in an instant everything sprouted, since that water had been joined with all vegetable seeds. Then he looked about for a bit of silver, and when he had thrown it into the fountain it grew up again in the form of a tree. Behold", he said, "how this fountain itself becomes vegetable through the vegetable fermentation of grapes. So it has also drawn out a metal into vegetable form". From this I inferred: "Therefore an animal fountain will draw out things from the other kingdoms into animal form". But he replied: "You are asking too much of me; be content with what I have already said". And so he closed the pipe and the fountain ceased to flow. I took the phial filled with water, which was of two colors, white and green, and went with the old man to the third fountain. It was magnificently decorated with a statue of Venus and four columns. One of the columns was made of gold, the second of silver, the third of copper, and the fourth of tin. 

They came together in an arch at the top, and a sheet of lead was paced over it. On top of this sat Mercury with Fortune, arranged as before. When we drew near this fountain, the old man addressed me in these words: "Behold, at the other two fountains you saw marvelous things that you had never seen before. This fountain contains the explanation of the two previous ones. Here is the foundation of all hermetic knowledge. You will take it in as if it were formal instruction. Therefore, pay close attention to what will be dealt with here". Then I repeatedly asked him to begin the instruction right away and to let the fountain flow free, so that I could see exactly how the mechanism worked. The old man told me it was impossible to do that. It would require an order to make the fountain metallic. And it would have to be done by means of salt water that was already metallic. This proves the truth of the words written around the fountain: Make Mercury through mercury through mercurial water. I asked him how, in that case, I could obtain metallic mercury. But he said: "Do you see what material the fountain is made of?". It was made of grey stone with many veins in it. "Don’t you see how many fragments the inhabitants of this mountain have chipped off? Surely they must have done so for a reason". Saying this, he gave me a hammer, and I pounded off a piece that weighed the same as half the water in the fountain. I threw it into the water and it vanished there, while the water stayed clear and beautiful. But it lost its brilliant gleam. As I noticed this, I saw waves like surf suddenly stirring in the fountain. But they gradually diminished, and most of them grew very slight until they turned to black ice and the fountain dried up completely. The old man saw it and said: "Now the union of universal mercury and mineral mercury is complete. Now the transmutation of universal mercury to mineral mercury will take place, and the manifestation of mineral mercury by means of the universal --- a task that took only three minutes". We let the operation rest in that state for half an hour, in order to make sure of it. 

By then the fountain began to flow again and was as white as snow. At that point the old man said: "Behold, now I have the doubled mercury in my possession. Now I own it --- white lily, powder of adamantine, chief central poison of the dragon, spirit of arsenic, green lion, incombustible spirit of the moon, life and death of all metals, moist radical, universal dissolving nutriment, true menstruum of the philosophers, which without doing any damage or harm reduces metal to first matter. This is the true water for sprinkling, in which the living seeds of metals inhere, and from which other metals can be produced. Through this water their potency remains in solution in this water. In all kinds of aqua fortis and other such unknown philosophic waters, they lose and relinquish this potency. In this exalted water is the true vitriol of the wise, of which Rupicessa said: "Vitriol or salt is the proper seed to generate all metals, including both the remote and the proximate seed". I will show you its power as clearly as in a mirror: for this water from the fountain radically, silently, and wondrously dissolves all metals, white and black, by its own innate power and magnetic force. In an instant it liquefies metals by its own internal fire. It opens their pores and enters them like feminine seed, attracting the masculine sperm to itself as if it were attracting the soul of the metal. It leaves the lifeless body behind like refuse that cannot endure the fire. Certainly it is a very marvelous thing that this water strips metals of their dignity. It is the dry path of the philosophers, by which metals are reduced to their first matter. It is considered very swift, but compendious. Since we want to proceed on the humid path, in which common water is added to this water to make it liquid, we must first make the metals very bright. 

This operation takes a great deal of time and effort, but it is beautiful to look at. This is the principal operation of philosophic mercury consisting in the radical solution of metals. They are dissolved away from their seeds silently, by a force of burning love. From this principal operation of the water, all the rest follow, beginning with coagulation and generation. This saying of the philosophers applies: "The corruption of one thing is the generation of another". Thirdly, it is called philosophic medicine. These three secondary powers contain countless others within them, all of which arise from the first radical solution. Up to this point, you have perceived the qualities of philosophic mercury as the feminine seed of metals. What follows is everything about the correct use of the philosophic stone". After he had told me this, the old man showed me that I would need to take earth, the matrix of gold, and put it in the water. I asked him where I could get it. He replied that the same substrate that contains mercury also contains the metallic earth of gold. He gave me a hammer, and I chipped off the same amount as before. When it fell into the water, he asked me to give him enough gold to weigh the same as one sixty-fourth of the water. 

I handed him four Hungarian ducats, which he filed down and planted in the earth of the fountain. Then the water, white from the earth, gradually begins to change color to red and finally dried up completely. The old man continued: "Now the union of gold earth and philosophic mercury is complete, and the principium of the stone has been made. Now follow the radical dissolution of gold, the manifestation of the seed of gold, and the radical conjunction of the principia". This task was finished in half an hour. But the water had taken on a purple color, and when I realized that it was bland and tasteless I cried out in terror and asked what had become of our Mercury. The old man ordered me to pour in some common water and begin the process of extraction. When this was done, the water changed color and became salty --- but not corrosive --- rather than tasteless. The old man ordered me to dry and clarify it, since no more water could be extracted. When this was done, there was some unstable white gold in the dregs, and I saw that it had been robbed of its soul. When it dried at the edge of the fountain, a rainbow appeared in simple form with all its colors, and from it the golden water of the Cabalists proceeded but soon vanished once more. While the fountain was drying up and leaving behind the red dust shot through with redness as intense and vibrant as that of the sun. I took out this dust and put it in a phial. Then I asked the old man what I should do with it, and got this answer: "If you extract this dust with fine, burning water and concentrate it, you will have true potable gold and a philosophers’ stone that is not yet altogether fixed and is useful in the cure of all illnesses. But if you coagulate it for a long time and fix it in fire, you will possess a permanent, fixed philosophers’ stone with which to cure metals. 

Taken by itself, this dust is called the first matter of the stone, because all three principia of generation are subtly brought together in it. Here also the seed of gold, meaning its feminine seed, and earth of gold are joined in correct proportion. Therefore, if you can enkindle the natural fire hidden in the seed of gold using external fire, and cause it to look for nourishment which it converts into itself, you will have something to rejoice about. Only make sure that you have been properly instructed, since metal seeds draw in the same amount of saline water as you need for fixation. If you add too much of that water to them, they will dissolve before they can be fixed". Then I asked him what was the name of this, and he said he called it mercury of the philosophers. When we had thoroughly looked over the three fountains, we began to climb back down the mountain toward level ground. But the old man led me into a mountain cave where there lay a magnificent statue armed with a two-edged sword. 

I asked him why the statue was there, and got this response: "There is on this mountain a spring that belongs to the three fountains. This statue, indeed Nature herself, guards the spring and keeps the three fountains from ever going dry. The spring originated in these fountains. Nevertheless, it was connected with them for this purpose also: for the spring water to fill the fountains, called Pansomata, as it went up the mountain; to take animal, vegetable, and mineral operations from them, afterward to pour itself over the seeds. It grew along with the seeds and left its form on their dead bodies. Then it became spring water once again, again went up from the spring to the fountains, and again took on a new form in them. When it went back to the spring, it lost this form. And so it was in constant circulation as it went up and down the mountain. In the spring was first matter --- formless, omniform, and of single form. But when it settled in the fountains it became second matter, known as doubled mercury of the philosophers". I took a fair portion of this water and kept it. Then I went back with the old man to the Rosicrucian hermits. 

They showed me a small furnace, a pot, and a glass vessel which they used to cook the three salts, dissolve things in them, and reconstitute them to make excellent medicines. The old man spoke to me as follows: "Now you have seen all of Nature, all in all. Now you have proved that God has given to every single body a masculine seed to preserve it and also a feminine seed. The feminine seed takes its origin, preservation, and nourishment from this plenteous fountain. You have seen and understood how all things return to their first matter --- feminine seed to its spring, and masculine seed to another body --- and are then led back after their separation. And you have seen how they come together again in constant circulation. Behold, you now have a true compendium for investigating nature. You now have a laboratory in which all threes things can operate by themselves, and in which animal, vegetable, and metal objects can dissolve. Now you can work in such a way that you will please Nature and win honor for yourself".

Finis.

LA METAMORPHOSE DES METAUX

PHILALETHES



Image sans rapport avec le texte original.



Chapitre I.

De la revendication de notre Art, ses Etudiants et ses Méthodes.
T

out hommes qui dévouent leurs existences à l’étude de n’importe quel art, ou toute sorte d’occupation ont devant leurs yeux le but de leurs efforts, la perfection de la chose qu’ils poursuivent. Mais bien peu atteignent le but de leurs espoirs : il y a beaucoup d’architectes, mais peu de maître d’œuvre en cet art ; beaucoup d’étudiants en médecine, mais peu comme Hippocrate ou Galien ; beaucoup de mathématiciens, mais peu tel le prolifique Archimède ; beaucoup de poètes, mais peu capable de se ranger au même rang qu’Homère. Cependant même les hommes qui n’ont rien de plus qu’un savoir respectable propre, sont capable d’être utile à la société.

Parmi ceux qui s’adonnent à la transmutation des métaux, il ne peut y avoir rien de pire que la médiocrité des réalisations. Un homme qui étudie cet Art, doit ou avoir tout, sinon rien. Un Alchimiste qui connaît seulement la moitié de son art, ne récolte rien d’autre que le désappointement ainsi que la perte de temps et d’argent ; bien plus, il s’expose lui-même à la moquerie de ceux qui méprisent notre Art. En vérité, ceux qui atteignent avec succès le but du Magistère, non pas seulement des richesses infinies, mais aussi les moyens de poursuivre la vie et maintenir la santé. Voilà pourquoi c’est la quête la plus populaire de toute l’humanité. Tous ceux qui ont lu quelques « Recettes » s’arrogent le titre de Sage, et conçoivent les espoirs les plus extravagants, et pour se donner des apparences d’hommes sages se mettent à construire des fourneaux et à équiper leurs laboratoires, avec des Alambics et Distillatoires, et approchent l’œuvre avec la merveilleuse apparence d’érudits. Ils adoptent un jargon obscur, parlent de la première matière des métaux, et discutent avec un air entendu de la rotation des éléments, et du mariage de Gabritius avec Beya. Dans le même temps cependant ils ne succèdent jamais à provoquer aucune métamorphose des métaux, excepté celle de leur or et argent en cuivre et en bronze.

Lorsque les méticuleux critiques notre Art voient cela, ils tirent de ces constants insuccès, la conclusion que notre Art est un mélange de fiction et d’imposture ; tandis que ceux qui se sont ruinés par leur folie confirment cette suspicion en abusant de la crédulité des autres, prétendant qu’ils ont acquis quelque habilité par la perte de leur argent.

Dans cette voie le chemin pour le débutant est semé de difficultés et de pestilentes désillusions de toute sorte ; et par la faute de ces escrocs, qui se donnent eux-mêmes de si beaux airs d’érudition et de savoir, notre Art lui-même est tombé en complet discrédit, car ces personnes bien sûr n’en connaissent absolument rien. Le débutant trouve extrêmement difficile de distinguer entre le faux et le vrai en ce vaste Labyrinthe qu’est l’Alchimie. Bernard le Trévisan l’averti d’éviter ces personnes comme la peste qui font tant de vides et vaines promesses ; voilà pourquoi j’ai écrit ce Traité pour guider l’aveugle, et instruire l’égaré. Je désire tout d’abord, nettoyer notre Art des calomnies dont il a fait l’objet, puis décrire la qualification des ses étudiants et ses méthodes de procéder. Après ces explications préliminaires, je m’attacherai à la description de l’Art lui-même.

Avant de continuer, je voudrai élever mes plus sérieuses protestations contre cette méthode de raisonnement que certains sophistes déçus ont utilisé à la charge de cette science. La perversité de certains de ces professeurs menteurs ne peut rien prouver pour ou contre son authenticité. Une telle position ne peut seulement être bonne que si elle est fondée sur des arguments basés sur des relations naturelles ; mais il est impossible de trouver de tels arguments. La lumière de la Nature est trop éclatante pour être assombrie par ces obscurantistes. J’espère que mon livre montrera que la Transmutation des Métaux, à partir d’un état imparfait à un état parfait est une réalisation réelle et véritable, effectuée en coopération entre la Nature et l’Art. La seule chose qui distingue un métal d’un autre, est son degré de maturité, qui est bien entendu plus grand dans les métaux les plus précieux ; la différence entre l’or et le plomb n’est pas une question de substance, mais une question de digestion ; dans les métaux communs la coction n’a pas été suffisante pour purger les impuretés métalliques. Si par un moyen quelconque, ces superfluités de matière impure peuvent être organiquement enlevées des métaux communs, ils deviendront alors de l’or et de l’argent. Ainsi les mineurs nous disent que le plomb s’est en plusieurs cas transformé en argent dans les entrailles de la terre ; et nous prétendons que la même chose peut être produite en bien moins de temps par les moyens de notre Art. C’est un fait que le Mercure qui est généré dans les entrailles de la terre est la substance commune à tous les métaux — puisque ce Mercure entre en combinaison avec toute sorte de métal — ce qui ne serai pas le cas s’il n’était pas naturellement de leur espèce. Par l’Art et l’aide de la Nature, le Mercure peut être successivement conjoint à tous les métaux, afin que l’un ou l’autre avec la même couleur et fluxibilité, puisse par ensuite montrer et exprimer la vraie température et propriétés d’eux tous. Plus encore, tous les métaux peuvent être dissout par le vif-argent — et cela ne pourrait sûrement pas être s’il n’était de la même substance. Plus encore, le Mercure du plomb peut devenir celui du fer, et le Mercure du fer celui du cuivre ; tandis que le Mercure de l’étain peut même être transmuté en celui de l’argent ou de l’or — un fait qui démontre triomphalement la substantielle affinité de tous les métaux. De l’antimoine aussi, on peut obtenir un bon Mercure, que certains Artistes sont capables de changer en mercure métallique. C’est aussi un fait bien établi que le Mercure obtenu de tout corps métallique ou minéral possède les propriétés d’absorber le Mercure commun en sa propre nature ; de même le Mercure commun peut devenir à son tour celui de tous les métaux. Ces arguments, ne montrent-ils pas qu’il n’y a qu’un seul Mercure, et que dans les différents métaux il est seulement différencié par leur différent degré de digestion et de pureté ? Je ne vois pas comment on peut répondre à ces arguments. Il est possible en faite que quelque personnes stupides puissent alléger pour réfuter notre raisonnement qu’elles ne peuvent accomplir toutes ces transformations chimiques sur lesquels il est basé ; mais de tels opérateurs justifieraient grandement leur ignorance s’ils avançaient cela contre la réalité de notre Art. Ils ne doivent pas faire de leur peu d’entendement la mesure ou le standard des possibilités de la Nature. A tout point de vue, mes paroles ont autant de valeur que les leurs (et mieux encore, car ils ne peuvent jamais prouver le contraire), et j’affirme le plus positivement et le plus solennellement, que j’ai de mes propres mains effectué chacune des expériences que j’ai décrit ; et j’en connais beaucoup d’autres dont les expériences ont démontré que ces choses étaient vraies. Comment votre opposant peut-il se prévaloir contre des témoins oculaires par une simple négation ? Mon témoignage est justifié par des hommes tels que Albertus, Raymond, Riplée, Flamel, Morien et une multitude d’autres. Je confesse que les transformations dont j’ai parlé ne sont pas faciles à accomplir, mais quiconque a la Clef de notre Art peut ouvrir toutes les portes, et a pouvoir sur tous les secrets de la Nature. Mais cette Clef n’est possédée seulement que par ceux qui ont une connaissance pratique et théorique des procédés naturels. Je pourrais ici mentionner diverses mutations des métaux, comme par exemple celle de Mars en Vénus, par l’acide vert du vitriol, de Mercure en Saturne, de Saturne en Jupiter, de Jupiter en Lune, lesquelles opérations, en vérité, plusieurs vulgaires chimistes (bien éloigné des sommets de l’art) savent effectuer. Je pourrai aussi ajouter ce qui est seulement connu de quelques philosophes, qu’il y a une substance secrète intermédiaire entre les métaux et les minéraux, dont les vertus célestes mélangées produisent un certain métal sans nom, qui est, à proprement parlé, non point un métal, mais un Chaos, ou Esprit, car il est entièrement volatile : et par ce tous les métaux peuvent être évolué sans l’Elixir transmutatoire, même l’or, l’argent et le mercure. L’auteur de la « Nouvelle Lumière » l’appelle Chalybs, et c’est la véritable clef et premier principe de notre Art. Pourquoi alors les Sages ont-ils caché toutes ces choses, et les ont-il énoncée paraboliquement pour les vrais fils de science ? Il y a-t-il moins de vérité à cause de cette raison ? Tout ce qui est nécessaire pour perfectionner et développer une substance imparfaite, est la douce action digestive d’un agent homogène. Cet agent est l’or, aussi hautement mûr que la digestion naturelle et artificielle puisse le produire, et un millier de fois plus parfait que le métal commun du même nom. L’or, ainsi exalté, pénètre radicalement, teint et fixe les métaux. Nous pouvons illustrer ce fait scientifique de la manière suivante. Si vous prenez six livres d’argent, et le dorez avec une seule once d’or, vous pouvez après étirer votre argent en fils de la plus grande finesse, et toujours percevoir distinctement en chaque fils le brillant de l’or. Si alors ce métal, mort, corporel et terrestre (ce qui a un corps bien sûr, n’a pas le pouvoir d’entrer en un autre corps) peut produire un si merveilleux effet, semble-t-il incroyable que l’esprit de cet or qui peut pénétrer et animer le corps d’autres métaux, ne les transforme en sa propre nature ? Si nous avions cette teinture spirituelle, n’est-il pas clair qu’elle ferait intérieurement ce que l’on voit le corps de l’or faire extérieurement ? Souvenez-vous que notre Teinture est la Quintessence de l’or, et est infiniment plus parfaite que le simple corps de l’or ne puisse être jamais ; et qu’il a par conséquent un pouvoir infiniment plus grand de diffuser sa qualité essentielle. Si l’or donc entre spirituellement en un autre métal, il l’assimilera simplement à sa propre nature. Nous décrirons plus loin la méthode de cette ingestion spirituelle. Ajoutons seulement en cet endroit, où nous discourons du bien fondé de la transmutation métallique, que la semence est la perfection de toute substance qui possède de la semence ; que ce qui n’a point de semence est imparfait. C’est alors comme les poètes le chantent : « L’or contient les semences de l’or, bien quelles soient profondément cachées ». L’or n’est pas seulement parfait, mais est aussi la chose la plus parfaite de son espèce (à savoir les métaux). Si l’or a une semence, elle doit être contenue dans l’eau, qui est la demeure des esprits, la semence étant un certain moyen spirituel de conserver toutes espèces. Si l’or doit être dissout dans le but d’extraire sa semence, la dissolution devra s’effectuer par le moyen de cette même eau métallique. Lorsque cette dissolution est faite, l’or abandonne sa forme terrestre, et prend une forme liquide. Maintenant, l’or étant à la fois le point de départ et le but de tout ce processus de génération, il est clair que toutes les opérations intermédiaires doivent avoir un caractère homogène, à savoir, elles doivent consister en graduelles modifications de la semence de l’or. Les opérations de notre Art doivent commencer par la dissolution de l’or ; et doivent se terminer par la restauration de la qualité essentielle de l’or. Mais, comme le négatif ne peut jamais devenir positif, la forme finale de notre or doit être essentiellement différente de sa forme initiale. La forme finale est grandement plus noble que l’initiale comme le feu qui est plus subtil et spirituel que la terre. Ce que j’ai écrit est suffisant pour le sincère étudiant de notre Art ; et ce livre n’est pas destiné aux critiques hostiles et pointilleux. Par conséquent, je continuerai maintenant et ajouterai un mot ou deux sur les aptitudes de ceux qui veulent étudier cette noble science. Comme je l’ai mentionné, notre Art est tombé en disgrâce, à cause de la stupidité et malhonnêteté de beaucoup de ses professeurs. Il y a d’ignorants artisans, qui n’ayant pas d’habilité, ni suffisamment de cervelle pour un commerce honnête, s’immiscent en notre Art, et bien sûr, perdent bientôt tout ce qu’ils possèdent. D’autres, sont seulement encore plus ignorants que ceux-là ; et ont trop hâte de faire de l’or avant d’avoir seulement maîtrisé les rudiments de science naturelle ; et bien sûr ils échouent, et dépensent tous leurs biens, empruntent à leurs amis, s’abusent eux-mêmes et les autres avec l’espoir d’infinies richesses, apprennent à parler dans un jargon semi-philosophique, et offre un prétexte aux détracteurs de notre Art. Et d’autres encore qui ont véritablement un savoir véritable du secret, mais qui donnent à contrecœur aux autres la lumière qui a éclairé leur propre sentier, et qui par conséquent écrivent à son sujet dans un langage désespérément embrouillé, que le débutant perplexe est incapable de comprendre. A ce groupe appartiennent Geber, et Lulle qui auraient rendu un bien plus grand service à l’étudiant, s’ils n’avaient pas trempé leur plume dans l’encre. La conséquence de ceci est que celui qui entreprend cette étude se retrouve soudainement perdu dans le labyrinthe embrouillé de l’erreur et du doute, sans personne pour le guider. Je vais dons essayer de lui donner quelques conseils avisés sur le meilleur moyen d’arriver au but.

En premier lieu, il doit faire ses opérations en grand secret de façon à ce qu'aucune personne méprisante ou injurieuse en ait connaissance ; car rien ne peu plus décourager le débutant que la moquerie, les sarcasmes, et les bons conseils d’étrangers bien pensant. Plus encore, s’il ne réussi pas, le secret le protégera de la dérision et de la persécution des tyrans avides et cruels. En second lieu, celui qui veut réussir dans l’étude de cet Art, doit être persévérant, industrieux, studieux, doux, et d’un bon tempérament, étudiant attentif, n’étant pas facilement découragé ni paresseux ; il peut travailler en coopération avec un ami, mais pas plus, et doit être capable de garder ses propres avis, il est aussi nécessaire qu’il ait un petit capital pour se procurer l’équipement nécessaire ainsi que la nourriture et les vêtements pendant le temps qu’il poursuit cette étude, afin que son esprit ne soit pas distrait par le besoin et l’anxiété. Avant tout, il doit être honnête, ayant la crainte de Dieu, pieux et saint. Etant ainsi, il doit étudier la Nature, lire les livres des meilleurs Sages, qui ne sont ni imposteurs ni envieux, et les étudier nuit et jour ; qu’il ne soit pas trop passionné pour toute idée pratique avant qu’il ne l’ait consciencieusement testée, et trouvée en harmonie non seulement avec l’enseignement des Sages, mais aussi avec celui de la Nature. Et après cela qu’il embrasse la partie pratique de l’ouvrage en modifiant sans cesse ces opérations jusqu’à ce qu’il aperçoive les signes qui sont décrits par les Sages. Et qu’il ne désespère pas des mauvais chemins qu’il emprunte, car les plus grands philosophes ont appris le plus par leurs erreurs. Comme guide en ses opérations il trouvera toute la lumière dont il a besoin dans le traité suivant.

Chapitre II.

De l’Origine de cet Art et de ses Ecrivains ; ses Principes Métalliques Fondamentaux, et la Production Graduelle des Métaux et Minéraux.

H
ermès, que l’on appelle Trimégiste, est généralement regardé comme le Père de cet Art ; mais il existe différentes opinions en ce qui concerne son identité. Certains disent qu’il fut Moïse ; mais tous s’accordent à dire qu’il fut un philosophe très clair voyant, le premier auteur sur le sujet, et était aussi d’origine Egyptienne. D’autres disent qu’Enoch inventa cet Art, et avant l’arrivée du Déluge l'écrivit dans ladite table d’émeraude, qui fut par la suite trouvée par Hermès dans la vallée d’Hébron. Beaucoup affirment qu’il était connu d’Adam, qui le révéla à Seth ; que Noé dans l’Arche posséda le secret, et que Dieu le révéla à Salomon. Mais je ne suis pas d’accord avec ceux qui affirment que notre Art a une origine mystique, et par conséquent le rende ridicule au yeux du monde méprisant. S'il est fondé sur la vérité éternelle de la Nature, pourquoi devrai-je me mettre martel en tête pour savoir si tel ou tel antédiluvien personnage eut ou n’eut pas le savoir ? Il est suffisant pour moi de savoir qu’il est maintenant certain et possible, que l’Art ait été pratiqué par des initiés durant plusieurs centaines d’années, et sous les latitudes les plus distantes ; on doit aussi noter que la plupart de ces écrits sont tous d’un style obscur, figuratif, allégorique et embrouillé, et que certains d’entre-eux ont actuellement mélangé le faut à la vérité dans le but de confondre les ignorants, et qu’ils ont existé à travers les âges, dans différentes nations et en différentes langues, et n’ont pas diversement traité d’une opération, mais montrent tous un merveilleux et frappant accord en regard des caractéristiques principales de leur enseignement — accord qui est absolument inexplicable, excepté si on suppose que notre Art est quelque chose de plus qu’un simple labyrinthe de mots confus. Notre Art est le plus clairement expliqué par Bernard le Trévisan, Riplée l’Anglais, Flamel le Français, Sendivogius l’auteur de la « Nouvelle Lumière », l’auteur anonyme de « l’Arcane d’Hermès », qui écrivit aussi Enchiridon Physicæ Restituaæ, et « L’Echelle des Philosophes », le grand « Rosaire », le Traité de Dionysius Zachaire, les travaux de Morien, les travaux de Egidus de Vadis, le poème d’Augurellus intitulé « Faire de l’Or », les travaux de Pierre Bonus de Ferrara, et « l’Abrégé du Rosaire ». Que l’étudiant se procure un ou plus de ces précieux ouvrages sur Alchimie ou d’autres similaires, et qu’il étudie les secrets de la Nature avec la lumière par laquelle ces ouvrages les éclairent. Il trouvera un savoir de science naturel, et plus particulièrement de minéralogie, indispensable à ses desseins.

Tous les philosophes nous disent qu’il y a quatre éléments, lesquels composent toutes choses, et dont par le moyen de leurs diverses combinaisons, toutes choses sont produites. Mais la vérité est qu’il n’y a seulement trois éléments, à savoir, ceux qui de leur propre nature sont froid — l’air, l’eau, et la terre. Le manque de chaleur que nous voyons en eux est proportionnel à leur distance au soleil. Je ne considère pas le Feu comme un élément. Il n’y a point de feu, excepté le feu commun qui brûle dans l’âtre ; et sa chaleur est essentiellement destructive. La chaleur qu’il y a dans les choses est soit le produit de la lumière, ou du mouvement, ou de la vie, ou de processus d’altération. Le Feu n’est pas un élément, mais un voleur qui larcine sur les produits des quatre éléments ; c’est un violent mouvement corruptif causé par le choc de deux principes actifs. Nous voyons alors qu’il provient de deux autres substances, n’étant pas lui-même une substance — le résultat de l’active coopération d’un combustible et d’un comburant. Le froid est la nature et la caractéristique des trois éléments, et ils possèdent la chaleur seulement comme un accident. D’ailleurs il est vrai que les objets sont formés par un mélange de ces trois éléments, car des choses dissemblables ne peuvent jamais réellement s’unir, vu que l’union est un mélange complet et concrétion des plus petits atomes ou molécules de deux substances. Mais un tel mélange est possible dans le cas de deux matières dissemblables, comme par exemple, entre l’eau et la terre (ou l’eau et le vin) ; ils acceptent d’être séparé à n’importe quel moment par le fait de la disproportion de leurs particules les plus petites. Il peut être dit que pour l’intérêt de l’union, les éléments grossiers deviennent aussi subtils que les autres ; mais si cela était le cas, si pour effectuer l’union l’eau devenait aussi subtile que l’air, cela signifierai simplement que l’eau est devenue air, une assomption qui par conséquent échouerai pour prouver la possibilité d’une amalgamation de l’eau et de l’air. N’est-ce pas une supposition plus simple et plus crédible que seulement l’eau ou l’air, quoiqu’il en soit, entre dans la composition de n’importe quel objet donné ? Mais si certains persistent toujours d’affirmer cette permutation des éléments (qui après tout, ne voudrait seulement dire que toutes choses sont faites d’air), laissez-moi demander une humble question, part l’activité de quel agent sont-il ainsi transmutés ? De plus on serai aussi en droit de demander qu’elle est l’utilité de cette permutation de l’air en eau, et de l’eau en air ? Que peut effectuer la terre convertie en eau, ou l’eau convertie en air, qui ne puisse être aussi bien accompli par l’eau et l’air d’origine ? Ce serai un processus difficile et inutile de permanente transmutation qui n’aurait pour but aucune raison utile, et il est évident que la Nature ne fait rien en vain. Si l’on devait dire que la terre raréfiée en eau est comme l’eau, bien que pas exactement de l’eau, ma réponse serai que c’est un simple jeu de mots, et si la terre raréfiée est seulement comme l’eau, mais pas réellement eau, il n’est pas possible qu’elle se combine avec elle dans ses particules les plus infimes ; donc cette hypothèse ne fait rien gagner. Nous pouvons alors conclure que toutes choses tirent leur origine d’un élément, qui ne peut être la terre ou l’air. Je pourrais prouver cela longuement si l’espace n’était limité. Il s’ensuit donc que l’eau doit être le premier principe de toutes choses, à savoir, de tous les corps concrets en ce monde ; la terre est l’élément fondamental en lequel tous les corps croissent et sont préservés ; l’air est le véhicule en lequel ils croissent et par le moyen duquel les vertus célestes leur sont communiquées. La semence de toutes choses a été mise par Dieu dans l’eau. Cette semence se montre ouvertement parfois, comme dans les végétaux, et est parfois gardée dans les bourses comme les animaux ; et est cachée dans les profondeurs de l’être essentiel comme dans les métaux. La semence est mise en action par sa forme (à savoir, une certaine influence céleste appropriée) coagule l’eau matérielle, et passe par une série de processus de fermentation (la fermentation étant le principe de toute transmutation) jusqu’à ce qu’elle est produit ce pourquoi elle est destinée. Si la semence est métallique, alors, elle génère en premier un liquide sec, qui ne mouille pas les mains, à savoir le Mercure, la mère de tous les métaux. Le Mercure peut-être décrit comme étant la véritable première matière des métaux ; car tant que l’eau élémentaire n’est pas devenue Mercure il ne peut être affirmé avec aucun degré de certitude qu’un métal ou minéral doit en provenir. L’eau est en elle-même potentiellement la semence soit d’un animal, d’un végétal ou d’un minéral ; mais le Mercure est de l’eau différenciée métalliquement, à savoir, c’est de l’eau passée à ce stade de développement, en lequel elle ne peut plus longtemps produire rien d’autre que des substances minérales. Le Mercure est donc la semence commune de l’or, l’argent, le cuivre, l’étain, le fer, le plomb, etc. ; leur différence ne peut seulement être vue que dans leur degré de digestion. Le digestif n’est pas n’importe quel soufre gras qui est mis en action du dehors ; car le Mercure contient en lui le principe actif de son développement, à savoir, la chaleur interne due aux influences célestes, provoquant sa vitalité, et dépendant de la disposition de la matrice. Ces influences célestes agissent de part le monde ; mais leur exact mode d’action est déterminé par la nature potentielle des semences ; si la vie interne est métallique, le cours de son développement par l’action des agents extérieurs sera aussi métallique. De plus le Mercure se développe seulement où les influence externes (céleste et terrestre) peuvent le mettre en action. En toute autre endroit il apparaîtra une substance froide, morte, et sans vie. Mais au centre de son origine il est vivifié par l’action des influences célestes, transporté par l’intermédiaire de l’air, d’où résulte de la chaleur, à laquelle la vie est nécessairement associée. Alors la matrice dans laquelle le Mercure est placé, lui est alors plus ou moins adaptée, voire pas du tout ; et en raison de ces différents degrés d’adaptation, la substance demeure soit inerte, soit plus ou moins parfaitement développée ; l’imperfection du développement donne les métaux imparfaits, tandis que le développement parfait donne de l’or ou de l’argent ; mais tous les métaux différenciés par le degré de leur digestion ou maturité, ont la même première matière, à savoir le Mercure. Les sédiments et impuretés que l’on trouve en abondance dans les métaux communs, ne font pas parti du Mercure originel mais sont ajoutés par la suite par quelques souillures durant le processus de la coagulation, ou à cause d’impuretés contenues dans la matrice où s’effectue la génération (fermentation) métallique. Mais je vais maintenant poursuivre du sujet spécial de ce Traité, à savoir, la restauration ou la multiplication de l’or et de l’argent.

Chapitre III.

De la génération de l’Or et de l’Argent à partir de la Substance Mercurielle, et de la Possibilité d’amener les Métaux Imparfaits à la Perfection.

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e la source ci-dessus décrite (le Mercure) nous suivons la naissance de l’or, et de sa sœur l’argent ; il représente cette substance amenée à la perfection par le moyen de la digestion. La perfection est de deux sortes, rudimentaire ou complète, partielle ou entière. La complète perfection (la digestion complète de tout ce qui est crud et l’élimination de toutes les impuretés) est le but ultime de la Nature ; et elle l’a atteint en notre or, qui par sont éclat éclaire toute la terre. Elle peut être appelée perfection rudimentaire, pas dans l’absolu mais relativement, lorsqu’elle est comparée avec les principaux corps imparfaits. Ces corps sont formellement ou essentiellement imparfaits dans la composition et l’impur prédomine sur le pur, de sorte qu’ils ne pourraient jamais d’eux-mêmes ( par développement naturel) atteindre la perfection ; c’est le cas de tous les métaux excepté l’or et l’argent. Mais lorsque le pur est libéré de la tyrannie corruptive de l’impur, et prend le dessus, nous avons une perfection rudimentaire, bien que le développement du corps puisse toujours être incomplet. Ces parties cruds et impuretés originellement n’appartiennent pas à la substance métallique, et on est capable de les en séparer; si elles sont parfaitement purgées avant la coagulation, on obtient un métal parfait. Mais même si elles sont coagulées ensembles avec le Mercure, il est toujours possible de les séparer de lui, et donc de parfaire le Mercure. C’est sur cette possibilité que notre Art est fondé ; et le travail consiste à effectuer cette séparation. Les métaux communs contiennent le même mercure que l’or ; si nous pouvons libérer ce Mercure de ses impuretés qui empêchent son développement, il doit devenir parfait, à savoir, devenir de l’or. Si nous pouvions trouver quelque agent de séparation qui pourrait effectuer cette tâche pour les métaux impurs, il serait aussi un agent de digestion, à savoir il vivifierai la digestion intérieure du Mercure qui est depuis longtemps au tombeau. Un tel agent de séparation est notre divin Arcane, qui est l’esprit céleste de l’eau possédant un ardent pouvoir de pénétration. Comparé avec l’or commun, c’est ce qu’est l’âme en comparaison avec le corps ; et ayant atteint le plus haut degré de fixité corporelle, il absorbe le Mercure des métaux communs en sa propre nature, et les protège du feu tandis que les impuretés sont brûlées. Le Mercure des métaux communs (sauf le Mercure de l’or), si ils sont exposés au feu sans une telle protection, ne seraient pas capable d’en affronter l’épreuve, mais (n’ayant pas de cohésion avec son corps impur et ne possédant aucune fixité en lui-même) s’évaporerait simplement, et laisserait les impuretés devant être brûlées. Mais notre Arcane, étant une substance à la fois spirituelle et homogène, est capable d’entrer en une parfaite union atomique avec les métaux imparfaits, de les absorber en sa propre nature les faisant comme lui, et communique à ce Mercure sa propre fixité, et le protège du feu, alors quand le feu à brûlé toutes les impuretés, ce qui reste est bien sûr l’or ou l’argent pur, en fonction de la qualité de la Médecine — qui à partir de là (comme tout autre or ou argent) est capable de résister à l’épreuve. Donc vous voyez que, comme il est souvent dit, nous ne professons pas de créer de l’or et de l’argent, mais seulement de trouver un agent qui — en accord avec son homogénéité et spiritualité — est capable d’entrer en union intime (atomique) et maturante avec le Mercure des métaux communs. Et nous prétendons que notre Elixir est capable, par l’intense degré de sa fixité et de sa couleur, de communiquer ces qualités à n’importe quelle substance homogène qui ne les possèdent pas.

Chapitre IV.

De la Semence de l’Or ; et si les autres Métaux ont une semence.

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a semence est le moyen générique de propagation donné à toutes les choses imparfaites ci-après ; c’est la perfection de chaque corps ; et quiconque n’a pas de semence doit être considéré comme imparfait. Si les métaux ont une semence, ils ne la perdent pas dans la coagulation, qui est l’effet de la perfection (ou plutôt des conditions parfaites). Maintenant dans toute chose contenant une semence la maturité signifie le parfait développement des semences, et c’est la raison pour laquelle cette semence métallique n’est par conséquent certainement pas détruite par la coagulation (le processus de maturation). Si l’on demande si tous les métaux ont une semence, ma réponse est, que la semence de tous les métaux est la même ; mais en certains elle est trouvée près de la surface et en d’autres éloignée. Toute semence métallique est la semence de l’or ; car en regard des autres métaux, l’or est le but de la Nature. Si les métaux communs ne sont pas or, c’est seulement à cause d’empêchements accidentels ; potentiellement ils sont tous or. Mais bien sûr, cette semence de l’or peut être plus aisément obtenue de l’or mûr lui-même. Donc, ce serai un travail inutile que d’essayer de l’obtenir de l’étain ou du plomb par quelques procédés laborieux, alors qu’on peut facilement l’obtenir de l’or même. Souvenez-vous que je parle maintenant de la semence métallique, et non point du mercure. Le plomb doit être multiplier, non point dans le plomb, mais seulement dans l’or ; car sa semence ne peu devenir fertile que lorsqu’elle atteint la maturité de l’or. On peut admettre que l’argent à sa propre semence, puisqu’il y a une Teinture multiplicative blanche (et aussi une rouge). Mais la Teinture Blanche est réellement contenue dans la Rouge ; et la semence de l’argent n’est rien d’autre qu’une modification de celle de l’or. La blancheur de l’argent est le premier degré de perfection, le jaune de l’or en est le second est le degré et le plus élevé. Car la mère de notre Pierre (l’argent des Sages) est blanche, et communique sa blancheur à notre or, d’où la source jaillissante des deux parents est premièrement blanche, comme sa mère, puis rouge grâce au sang royal de son père.

Chapitre V.

De la vertu de la semence de l’or, et où on peut le plus facilement la trouver.

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ans le but d’obtenir ce moyen pour la perfection des métaux imparfaits, nous devons nous souvenir que notre Arcane est l’or exalté à son plus haut degré de perfection qui puisse être obtenu par l’action de la Nature et de l’Art. Dans l’or, la Nature a atteint le terme de ses efforts ; mais la semence de l’or est toujours quelque chose de plus que parfait, et pour la cultiver nous devons par conséquence demander l’aide de l’Art. La semence des métaux est encore plus complètement cachée à la vue que celle des animaux ; néanmoins son extraction est du domaine de notre Art. La semence des animaux et des végétaux est une chose différente, et peut être coupée et être séparément montrée ; mais la semence des métaux qui est diffuse dans tout le métal, et est contenue dans ses parties les plus infimes, ne peut être discernée de son corps : son extraction est par conséquent une tâche qui peut être un fardeau pour le plus expérimenté des philosophes ; les vertus de tout le métal doivent être renforcées, pour les convertir en sperme ou semence, qui par circulation, reçoit la vertu des supérieurs et des inférieurs, puis devient ensuite une forme sainte ou vertu céleste, qui peut la communiquer à ceux qui sont en rapport avec elle par homogénéité de matière. En ce qui concerne la Pierre, tout l’or est sa substance. L’endroit où la semence réside est — approximativement parlant — l’eau ; et pour parler proprement et exactement, la semence est la plus petite partie du métal, et est invisible ; mais cette présence invisible est diffusée dans toute l’eau de son espèce, et y déploie sa vertu, rien d’autre que l’eau n’étant visible, nous devons donc conclure d’un point de vue rationnel que cet agent intérieur (qui est à proprement parlé la semence) est réellement là. D’où nous appelons toute l’eau semence, de la même manière que nous appelons le grain semence, bien que le germe de vie soit seulement une infime particule du grain. Mais la vie séminale n’est pas distincte de la substance restante des métaux ; au contraire, elle est inséparablement mêlée aux parties les plus infimes du corps. En règle générale cependant, nous décrivons la totalité de notre eau dorée comme étant la semence de l’or, car cette vertu séminale y prévaux de la plus subtile manière. Les Sages ont appelé cette vertu séminale le ferment caché, le poison, ou le feu invisible ; de plus ils ont dit que c’était un feu, ou que ce feu résidait dans l’eau ; ils différenciaient l’âme et l’esprit, le premier étant le véhicule et le second la vertu active. Si l'on se demande pourquoi nous décrivons l’eau comme le siège de la semence, ou esprit séminal, qu’on se rappelle qu’au commencement l’Esprit de Dieu planait sur la surface des eaux, à savoir, les pénétrait avec Son pouvoir céleste vivifiant. Ainsi depuis le premier jour de la Création, l’eau a été la source et l’élément de toutes choses. Car l’eau seule contient les semences de toutes choses ; chez les végétaux elles sont portées par l’air crud ; chez les animaux préservées dans les bourses ; tandis que chez les minéraux elles sont diffusées dans toute la substance ; néanmoins, la semence ne peu jamais quitter sa demeure originelle (à savoir l’eau). Les choses sont préservées par la provenance de leur origine ; car la cause de leur origine étant enlevée, les choses qui en sont l’effet cessent d’exister ; d’où la multiplication et nutrition de toutes choses est dans l’eau et par l’eau. Les végétaux sont générés et nourris par le Teffas aqueux de la terre ; les animaux par le chyle liquide ; les métaux par le liquide mercuriel. Les animaux préservent leur semence dans leurs bourses, et au moment voulu la projettent dans la matrice appropriée, où elle se moule premièrement en un fœtus tendre et compact, et ce fœtus étant nourri par le liquide femelle menstruel, croît ainsi jusqu’à sa naissance. Puis il est nourri de lait jusqu’à ce qu’il puisse supporter des nourritures plus consistantes ; mais cette nourriture solide ne devient pas un réel nutriment avant que l’estomac ne l’ait converti en un chyle liquide (comme par exemple les os dans l’estomac d’un chien). De la même manière les métaux gardent leur parfaite semence où elle ne peut être vue ; mais même là elle est préservée en l’eau. Alors l’Artiste l’extrait, et la met dans sa propre matrice appropriée, où elle est entretenue et où elle grandit, jusqu’à (par le moyen de la corruption) quelle atteigne sa glorification. C’est l’opération la plus difficile, parce que les Métaux, en qui la semence est cachée, sont si fermement et étroitement compactes, qu’ils ne céderont pas à la violence, mais seulement à un doux et délicat processus chimique. Alors je vous dis, qu’il y a une matrice en laquelle l’or (s'il y est introduit) émettra, de lui-même sa semence, jusqu’à ce qu’il en soit affaibli et meure, et par sa mort soit régénéré en le plus glorieux Roi, qui recevra alors le pourvoir de délivrer tous ses frères de la crainte de la mort.

Chapitre VI.

De la Manière et des Moyens d’extraire cette Semence.

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ue les choses les plus belles soient les choses les plus difficile à produire est expérimenté par tous les hommes, et on ne doit pas s’étonner, par conséquent, que les plus glorieuses des opérations sublunaires ne sont atteintes que par une grande quantité de difficultés. Si un étudiant de cet Art est effrayé par un dur labeur, qu’il s’arrête au seuil. Quand en vérité, le Père des Lumières a confié la Clef de l’Art à un homme, ce qui reste à faire est simplement un jeu d’enfant ; ses yeux sont ravis à la vue des signes les plus glorieux, jusqu’à ce que le temps de la moisson arrive. Sans cela erreur et vexation en seront le résultat. Par conséquent l’homme sage, avant que de commencer l’ouvrage, sera bien avisé d’en connaître les signes. Que les fils du savoir apprennent que l’objectif principal de notre Art est la manifestation de la semence cachée de l’or, qui ne peut être effectuée que par une complète et parfaite volatilisation de ce qui est fixe, et la subséquente corruption de sa forme particulière. Car ouvrir l’or de cette manière est le plus grand secret du monde. Ce n’est pas fait par une dépravation corrosive du métal, ni par l’usuelle méthode de dissolution, mais pas notre solution philosophique du métal dans l’eau mercurielle, par le moyen d’une calcination préalable du mercure (faite au moyen de l’agent), qui est produit par la subtile rotation et conversion des éléments ; cette calcination de plus est la mortification de notre liquide homogène avec l’élément sec lui appartenant ; après quoi le sec est tellement ressuscité par le moyen de ce même liquide, que la parfaite vertu mûre, extraite de la substance par le solvant, est la cause de cette calcination et solution. Ici donc, il n’y point d’utilité pour l’action d’un corrosif. L’or, qui est la substance la plus résistante et la plus fixe au feu, est volatilisé et aucun simple corrosif ne pourra accomplir un tel parfait changement de sa nature. Le puissant agent requis pour cet usage doit être homogène, bien disposé, et spirituel, à savoir, il doit être de l’espèce du corps (de l’or), et aussi suffisamment fort pour le dominer ; et pénètre jusqu’au cœur, en laissant chaque particule d’or véritablement or. L’or n’abandonne pas aisément sa nature, et se battra pour sa vie, mais notre agent est suffisamment fort pour le soumettre et le tuer, et ensuite, il a aussi le pouvoir de le ressusciter à la vie, et de changer ses restes inertes en un corps pur.

Chapitre VII.

Du Premier Agent ou Matrice, en laquelle notre Semence doit être émise et où elle doit être mûrie.

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l reste à trouver un Agent, au moyen duquel l’opération susdite puisse être effectuée. Pour cela il nous faut une eau homogène. Car nous avons vu que la semence de l’or est scellée, et ne peut demeurer effective qu’en l’eau, et cette eau doit être homogène avec le corps, ou autrement elle ne pourrait pas pénétrer toutes les épaisses enveloppes qui protègent la semence. D’une manière générale, c’est-à-dire, chaque agent qui exerce une action générative sur quelque chose, la transmue (autant que possible) en sa propre nature. L’agent donc, doit être de la même espèce que le corps qui doit être dissout, et plus encore, pur de tous sédiments ou mélange. De même, alors que l’or est fixe et corporel, l’agent doit être hautement volatil et spirituel ; l’or est épais et grossier, notre Agent est subtil, l’or est mort, notre Agent est vivant : en sorte que notre Agent doit avoir toutes les qualités que l’or n’a pas, et qu’il doit partager avec l’or. Donc nous concluons que seul le Mercure est la véritable Clef de notre Art ; car en vérité c’est l’eau sèche décrite par les Sages, qui bien qu'elle soit liquide ne mouille pas les mains, ni rien qui n’appartienne pas à l’unité de la substance. Le Mercure est le gardien, notre baume, notre miel, huile urine, rosée de mai, mère, œuf, fourneau secret, four, vrai feu, venin de Dragon, Thériac, vin ardent, Lion Vert, Oiseau d’Hermès, Poulet d’Hermogènes, épée à deux tranchants dans la main du (Chérubin qui garde l’Arbre de Vie), etc. etc. c’est notre véritable vaisseau secret, et le Jardin des Sages, dans lequel notre Soleil se lève et se couche. C’est notre Minéral Royal, notre triomphante Saturnie végétale, et la baguette magique d’Hermès, au moyen de laquelle il façonne les formes selon son désir. C’est en parlant de cette eau que les Sages disent : « Que les Alchimistes se vantent autant qu’ils veulent, mais sans cette eau la transmutation des métaux est impossible. Dans la Nature, elle n’est pas comme celle que nous utilisons en notre Art ; c’est la chose la plus commune, et en même temps le trésor le plus précieux au monde… Par conséquent, Fils du Savoir, faites très attention à mes paroles : Prenez ce qui est en soi le plus impur, la femme prostituée, purgez-la radicalement de toutes ses souillures, et en extrayez ce qui est le plus pur, nommément notre menstrue (solvant), le Diadème Royal. » Notez que je vous ai dit en peu de mots tout ce qui ennoblie le Sage, le sauve de l’erreur, et le conduit vers les plus merveilleux champs de délices… L’arcane que nous recherchons n’est rien de plus que l’or exalté à son plus haut degré de perfection, par l’opération de la Nature assistée par notre Art. Lorsque le sperme caché dans le corps de l’or est révélé par le moyen de notre Art, il apparaît sous la forme du Mercure, puis est exalté en quintessence qui est premièrement blanche, et par le moyen d’une continuelle coction devient rouge. Tout ceci est l’œuvre de notre Agent Homogène, notre Mercure Pontique, qui est pur cristallin sans transparence, liquide sans humidité, et en sorte une véritable eau Divine, que l’on ne trouve pas sur la terre, mais qui est préparée par les mains du Sage avec la coopération de la Nature, que nous savons, avons vu, avons fait, et possédons encore, et que nous voulons aussi faire savoir au vrais étudiants de notre Art, tandis que nous souhaitons le cacher au indignes.

Chapitre VIII.

Concernant la Généalogie du Mercure des Sages, son Origine, Naissance, et des Signes qui le précèdent et l’accompagnent.

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uelques sophistes arrogants et vantards, qui ont lu dans les livres que notre Mercure n’est pas le Mercure commun, et qui savent que nous l’appelons par différent noms, ne rougissent pas d’aller plus avant comme prétendants à la connaissance de cet Art, et prennent sur eux-mêmes de décrire ce solvant comme diaphane et limpide, ou comme une gomme métallique qui est permiscible avec les métaux, bien qu’en réalité il ne connaissent rien à son sujet. On pourrait dire de même de ceux qui voudront extraire notre Mercure des herbes ou d’autres substances encore plus fantastiques. Cette gente ne sait pas pourquoi les Sages n’utilise pas le Mercure tel qu’il est vendu par les apothicaires comme substance. Ils sont au courant du fait, mais ne sont pas familier avec ses causes ; et la conséquence est l’idée qu’ils ont que tout ce qui change la nature du Mercure commun, le convertira en celui des Sages. Mais en regard de ces folles personnes, j’ai déjà donné notre opinion…Tous les métaux comme je l’ai démontré dans le deuxième chapitre, on le même principe substantiel, à savoir, le Mercure. De cette proposition, il s’ensuit que la substance du Mercure commun est homogène avec celle des autres métaux, et si le Mercure des sages est l’homogène eau métallique, elle ne peut différer du Mercure commun seulement en rapport de sa pureté et de sa chaleur. La première substance du Mercure commun est celle de tous les autres métaux, à savoir, notre Mercure. Aussi longtemps qu’il demeure dans les filons de la terre, en une place parfaitement adaptée à sa génération, et est à l’abris de l’air crud, il maintient son mouvement et sa chaleur intérieur, qui sont la cause de tout développement métallique. Mais s’il est gâté par un accident, ou si l’endroit n’est plus adapté à lui, le mouvement intérieur est arrêté, et la vie germinale gelée comme d’un œuf qu’une poule a délaissé après l’avoir couvé un certain temps. C’est la raison pour laquelle ceux qui ont essayé de digérer le Mercure commun par le moyen d’une chaleur artificielle ont échoué grotesquement tout comme ceux qui ont essayé d’incuber artificiellement un œuf pourri. Nous avons une masse métallique crud, non digérée, froide, et non mûre, qui désire la forme de notre Mercure, contre laquelle elle doit échanger la sienne, si elle doit devenir ce que nous cherchons. En gardant cette fin à l’esprit, ses déficiences sont doubles ; sa nature est empêchée par des superfluités de matières étrangères, et elle ne possède pas la vertu spirituelle requise. Ses superfluités consistent en une lèpre terrestre, et une hydropisie aqueuse. La vraie chaleur sulfureuse au moyen de laquelle elle pourrait purger ses superfluités, lui fait défaut. L’Eau en vérité est la matrice, mais aucune matrice ne peut recevoir un germe vital sans chaleur. Alimentez donc votre Mercure (commun) avec le feu intérieur dont il a besoin, et il se débarrassera bientôt de tous ses sédiments superflus. Si vous pouvez effectuer cela vous avez accompli le grand exploit des Sages. Jupiter recouvrira son empire ; les noirs nuages de Saturne sont dispersés, et la fontaine scintillante jaillit claire et pure. Cette substance dissoudra l’or au moyen de la véritable solution philosophique, qui est complètement différente de ce que le fou peut faire utilisant des eaux corrosives qui détruisent seulement la nature métallique. Ce Mercure (avec) l’or et l’argent produit naturellement l’Arcane, ou or potable, comme tous les adeptes savent et témoignent.

Je conclurai ici ce Traité, car tout ce qui reste à dire sera traité dans un Traité spécial.



FIN