October 06, 2014

Pour le meilleur et pour le pire.

Nous savons que le chemin de l'Alchimie est long et rester des décennies en contact avec certaines matières va changer l'Alchimiste, voire le déséquilibrer. Il y a inconsciemment une fusion avec l'Archétype matériel de la matière travaillée, certaines vont plus ou moins fortement impacter la structure mentale et énergétique de l'opérant. L'énergie s'imprime dans l'aura de l'Alchimiste, dans son esprit, dans son âme. Et ce mariage se fait alors pour le meilleur et pour le pire.

Pour le meilleur car cela change beaucoup de choses sur le long terme. Nous apprenons à bien connaître la matière avec laquelle nous passons tant d'heures. Nous développons une sorte de confiance et de connaissances réciproque. Nous pourrions parler alors d'une sorte d'histoire d'amour, fusionnelle et exclusive. Cela apporte de nombreux avantages, surtout la faculté de pouvoir se concentrer sur une seule et unique matière/voie. Nous savons exactement comment elle va réagir à certains procédés, de quels principes elle est composée, et sous quelles conditions elle se développera le mieux. Cette profonde connaissance peut mener bien vite à de réels succès au laboratoire, et promouvoir assez vite un opérateur à un bon niveau.

Mais sans prendre garde, la structure se modifie, et les défauts sont souvent exacerbés si nous n'y prêtons pas attention, d'où l'importance majeure d'un travail sur soi pendant les travaux de Laboratoire. 

Certes, la matière travaille sur nous, mais pas toujours dans le bon sens. Elle peut nous équilibrer, nous enrichir de ce que nous manquons, mais parfois aussi, nous donner trop d'énergies, de celles que nous avons déjà, et qui sont encore brutes en nous. Nous ne choisissons pas un sujet de départ sans attrait, sans notion de facilité. Nous faisons trop souvent appel à notre résonance personnelle pour une matière, pensant que c'est ce qui sera le meilleur pour nous, car nous la comprenons, et le processus en est de même. 

Nous choisirons souvent un procédé humide si nous sommes "humide" et sec, voire bref, si nous avons en nous beaucoup d'énergie de feu. Ainsi, nous faisons notre sentier d'Alchimie à notre image, selon nos notions de facilité. Mais faisant cela, nous ne nous simplifions pas réellement la tâche. Nous pouvons tomber dans les ornières insidieuses de l'Alchimie. Nous ne faisons que rester dans notre zone de confort, nous n'apprenons alors pas forcément grand chose. Et cela va de même aussi par rapport à des écoles ou des filiations. Il est rare de voir une école être "universelle" dans sa façon de faire (sauf les vrai R+C), bien souvent, il y a une énergie de fond qui teinte la masse de l'enseignement proposé. Il est parfois difficile d'en sortir ... Je pense par exemple à l’école de Caro ou encore celle de Solazaref pour ne citer qu’elles. Non que cela soit négatif, mais cela reste particularisé au niveau des énergies dégagées.

Les dangers insoupçonnés, latents, mais terriblement présent qui nous guettent. Nous devenons alors encore plus comme la Voie que nous pratiquons, matière et procédé compris. Un réajustement régulier est fortement nécessaire. Et cela demande un gros effort, une habitude bien ancrée de remise en question, une grande faculté à se connaître, et surtout, la ferme intention de travailler psychologiquement sur soi durant un tel travail. Beaucoup ne le font pas, et ce qui semblait être une force au départ, devient une ornière dont il est alors impossible de sortir.

Nous voyons aussi cela dans le travail des éléments en Théurgie. Quelque soit la force invoquée elle va aussi bien équilibrer notre structure, qu'en augmenter l'ampleur, son volume. Et malgré les qualités apportées, les défauts vont grossir avec aussi. Et c'est là le soucis.

Nous ne pouvons raisonnablement pas nous laisser aller à un défaut, un déséquilibre, car alors, souvent, une ribambelle de défauts suivent. si nous prenons l'image d'un jardin, cela devient plus clair : oubliez de désherber régulièrement et vous verrez que de pissenlits ou de plantain inoffensifs, on passe à des orties, aux ronces, puis aux chardons, etc ...

Un autre danger inhérents à la "mono voie" ou à la "mono énergie/gamme", est forcément de laisser tomber les possibilités qui sont ailleurs. Non seulement l'esprit se resserre et ne voit plus l'Alchimie que sous un seul point de vue (sa propre voie) : "mais si il parle de CETTE Voie, tu ne vois donc pas ?!", ce qui accessoirement peut provoquer des tensions lorsqu'on cherche à prêcher SA bonne parole aux autres, et cela conduit obligatoirement à un manque de curiosité, de créativité et d'ouverture d'esprit, et de fait, cela nuit aux progrès possible que l'Alchimiste aurait pu faire.

Même si nous travaillons sur une matière en particulier et que nous en sommes devenu un spécialiste pour ainsi dire, il est alors nécessaire de comprendre que le chemin des autres est possiblement tout aussi valable. Et cela ne peut réellement se comprendre que lorsqu'il y a eu une réelle, profonde, vaste compréhension des principes directeurs de l'Alchimie.