Nicolas Melchior de Szeben Transylvain PROCESSUS CHIMIQUE SOUS FORME DE LA MESSE
Introït de la Messe
"En vérité, le fondement de l’Art est la solution des corps, qui ne doivent pas être résolus en eau de pluie, mais en eau mercurielle, par qui est engendrée la véritable Pierre des Philosophes."
PROCESSUS CHYMIQUES
Introït du vitriol et du sel vitreux, en parts égales, rendant témoignage de la solution : Gloire au Père, et au Fils, par le Saint-Esprit.
Kyrie - Source de bonté, inspiratrice de l’Art sacré, de qui procèdent toutes bontés pour les fidèles - Eleison.
Ô Xrist, ô Sanctissime, Pierre bénite de l’Art de la Science, toi qui, pour le salut du monde, inspiras la lumière de la Science, pour extirper le Turcoman - Eleison.
Kyrie - Ô divin feu, aide nos poitrines, afin que, pour ta louange, nous puissions pareillement épandre les sacrements de l’Art - Eleison.
Collecte - Dieu, dispensateur de toute bonté, toi qui, surtout à la fin des temps, uniquement par ta bonté et par ta sapience, à ton serviteur N.N., non pour ses mérites précédents, mais par ta pitié ineffable et par ta grâce prévenante, inspiras la lumière de l’Art sacré de l’Alchimie, nous te prions de faire en sorte qu’il reçoive ceci comme un don de ta majesté, et qu’il serve à la santé de son corps et de son âme. Mortifie en lui-même tous les vices et compénètre-le de la grâce de la vertu, afin qu’il épande fidèlement cet Art sacré pour la seule louange et pour la seule gloire de ton nom, ainsi que pour la propagation de la Foi chrétienne, par Notre-Seigneur Jésus ¬Christ. Amen.
Verset : Qu’elle descende comme la pluie sur une toison, et comme les gouttes, s’égouttant sur la terre. Alleluja.
Séquence du saint Evangile : selon l’intonation Ave praeclara, qu’elle soit chantée ; je veux qu’elle soit appelée testament de l’Art, parce que tout l’Art chymique est celé en ces paroles métaphoriques, et bienheureux celui qui aura l’intelligence de cette séquence.
Salut, ô scintillante Lucifer du ciel, radieuse lumière du monde ; qu’ici, conjointe avec la Lune, soit l’union martiale, et puis la conjonction du Mercure. Que, surtout, de ces trois, par le lit étroit du fleuve, naisse ce fort géant, qu’à milliers de mille, tous cherchent avec le magistère de l’Art : qu’eux¬-mêmes soient dissous, non en eau de pluie, car, par celle-ci, n’est jamais amendée notre gomme ; mais, en eau mercurielle, qu’ils soient résolus, pour ce que notre gomme bénie, dissoute par elle, porte alors le nom de sperme des Philosophes. Main¬tenant le Porte-lumière demande d’être époux, d’être fiancé à la vierge épouse, et pour la féconder dans le bain par la tem¬pérance du feu. Mais la vierge n’est point subitement fécondée, si ne lui est pas accordé un baiser par de fréquentes étreintes. Alors, dans la matrice, l’heureux embryon est conçu, et il est ainsi procréé, et ceci par l’ordre de la Nature. Alors, au fond du vase, apparaîtra le fort Ethiopien, consumé, calciné, déco¬loré de sa couleur, et mort jusqu’en son for, privé de vie ; il demande alors d’être inhumé, et d’être remis debout par son humeur, et d’être suavement calciné, jusqu’à ce que, par la force du feu, il apparaisse plus que blanc. Mais souvent, il prend, au préalable, un breuvage, ce pourquoi il monte tout entier vers l’éther, alors que, par lui-même, il est ainsi déjà bien lavé dans la persévérance du feu. Maintenant il est, enfin, rendu agréable, rené de sa propre sueur, et son corps, aupara-vant tout enténébré, en devient purifié par l’ablution.
Vois donc bien l’admirable régénération ou rénovation de l’Ethiopien, qui, maintenant, revendique pour lui, après le Baptême de régénération, celui que les Philosophes appellent soufre de la Nature, et leur fils, qui est la Pierre des Philo¬sophes. Mais l’enténèbrement des follets fait qu’ils sont trom¬pés par leur ignorance de la Philosophie naturelle et par divers désaccords à l’égard du feu.
Ainsi donc, une est la chose, une la racine, une l’essence, à laquelle rien d’étranger n’est ajouté, mais dont beaucoup de superflu se trouve ôté, par le magistère de l’Art. A la fin, il affecte d’être conforté, d’être gonflé par sa nature, d’être remis droit par son humeur et d’être réduit avec modération, après qu’il aura bu à suffisance. Et c’est alors qu’il commence à régner, et à se battre contre la force du feu, puis il veut être élevé dans les cieux et couronné d’un diadème ; ensuite, il ter¬rasse tous ses ennemis et rebelles et les soumet à son empire.
Tel est le trésor des trésors, la haute médecine des Philo¬sophes, le céleste secret des Anciens. Bienheureux qui décou¬vrira ceci !
Celui qui vit de telles choses en écrit et parle manifeste¬ment, et je sais que son témoignage est véridique. Que Dieu soit bénit dans les siècles des siècles, par Jésus-Xrist, notre Seigneur. Amen.
Que soit lu l’Evangile selon Saint Matthieu et Saint Luc, chapitre X. Je te confesse, ô Seigneur Dieu, Père du ciel et de la terre, que tu cachas ces choses aux savants et aux prudents de ce monde, et que tu les révélas aux petits.
Que soit toujours récité le Credo in unum Deum. Offertoire - La pierre, que les bâtisseurs écartèrent, est devenue la pierre angulaire. Ceci fut accompli par le Seigneur, et ceci est admirable à nos yeux.
Secrète - Omnipotent Dieu, en immolant diligemment la victime salutaire à ta majesté, nous prions et supplions ta clémence, afin que notre science, pour l’honneur de ton nom et de l’art bénit de l’Alchimie, soit toujours dédiée à ton nom glorieux et consacrée à la salutaire réformation de l’Eglise universelle, par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Amen
Communion - Puisque notre Roi vient du feu, illuminé et couronné d’un diadème, honorez-le donc à perpétuité. Complies - Seigneur de notre salut, nous choisissons le secours d’une bonne santé, et nous demandons les grâces agis¬santes à ta majesté, afin qu’elle nous soit de profit pour la santé de l’âme et du corps, et qu’elle soit l’extirpation des Turcomans, et qu’elle serve à rendre plus forte la foi chrétienne, par notre même Seigneur Jésus-Christ. Amen.
Ite Missa est. Alleluja !