May 01, 2025

Détails de Fasciculus chemicus

Cet article concerne un frontispice, ou une présentation d'ouvrage alchimique, comportant quelques incohérences que j'ai pu relever et que j'ai voulu creuser.

Voici une image, sur laquelle je suis tombé récemment en parcourant Internet. Il semblerait que ce soit un des ouvrages phares des Rose Croix d'Or.

Cependant il me semble qu'il y ait une sorte de message codé sur ce frontispice... Ou tout du moins une possibilité de steganographie.

Arthur Dee (1579-1651) était un médecin et alchimiste anglais. Il publie la première fois "Fasciculus Chemicus", un traité d'alchimie publié en 1631. (Que vous trouverez ici)

"Fasciculus Chemicus" est un ouvrage qui rassemble des textes et des connaissances alchimiques. Il est considéré comme un exemple de la littérature alchimique du XVIIe siècle.

Arthur Dee était le fils de John Dee, un célèbre mathématicien, astronome et occultiste anglais. Il a suivi les traces de son père en s'intéressant à l'alchimie et à la médecine. Son livre "Fasciculus Chemicus" reflète ses connaissances et ses intérêts dans ces domaines... Voilà ce que nous en dit Internet.

Son titre original est :

Fasciculus chemicus, or, Chymical collections, c. 1650 by Arthur Dee

"These Hieroglyphicks vaile the Vigorous Beames

Of an unbounded Soule. 

The Seconde & Scheme

The full Interpreter: But how's conceald

Who through Enigmaes lookes, is so Reveald."

Qui se traduit à peu près par :

Fasciculus chemicus, ou, collections chymiques, c. 1650 par Arthur Dee.

"Ces Hiéroglyphes voilent les vigoureux rayons d'une âme libérée.

Le Second & le Schema :

"L'Interprète accompli : Mais comment celui qui déchiffre les énigmes se révèle-t-il ainsi ?"

Selon la description de ce titre nous avons donc à faire une collection d'essais d'alchimie.

Nous remarquons dans un premier temps sur le frontispice tout en haut, le soleil à gauche puis, le dieu Hermès au centre, et enfin la lune à droite. Ce linteaux est supporté par deux colonnes, les deux décrivant des arts ainsi que des pratiques. 

Au centre, se trouve la place d'une tête sur un buste de marbre, une carte astrologique, tenue par une main divine sortant d'une nuée. Sur le piédestal se trouve l'inscription " Mercurio Philus Anglicus'', ou l'ami anglais du Mercure.

Sur sa gauche, un phylactère reprenant une phrase de la table d'Émeraude d'Hermès Trismégiste, ("ce qui est en haut et comme ce qui est en bas'') reliant le Mercure Suprême Duplex et Volatil à un arbre - ressemblant à un palmier - au pied duquel se trouve une bête, que l'on peut apparenter à un reptile. L'auteur nous présente donc à la fois une philosophie, ainsi qu'une pratique opérative.

Nous laisserons à la sagacité des chercheurs, et opératifs, la résolution de l'énigme.

Ici le phylactère, sert aussi, à marquer le lien entre le ciel et la terre. Nous voyons la terre en tant que minéral, l'arbre pour le végétal, et le reptile pour l'animal. Nous voyons aussi le fait que le royaume astral est donc concerné par ce mercure flamboyant dans le ciel. 

Intéressons-nous maintenant, à la gauche dans notre colonne. Nous y percevons un carré inscrit sur un ouvrage ouvert, ayant sur la page de droite des symboles géométriques. 


J'ai ici relié les chiffres entre eux afin de former une figure géométrique, révélant la séquence sous forme de sigil.

Ainsi il induit qu'une séquence de chiffres permet de tracer une figure géométrique. Il s'agit d'un pseudo carré magique, entendons-le au sens mathématique, car l'ensemble des colonnes donne le chiffre 15 en addition, ainsi que la diagonale par temps du haut à gauche vers le bas à droite, cependant la diagonale 1 2 3, ne donne pas ce chiffre de manière directe, mais uniquement de manière indirecte en mettant le 1 pour les dizaines, et en additionnant le 2 et le 3...
Nous notons aussi que chaque ligne nous donne le chiffre 15. 
C'est donc un carré de Saturne. Autour du moins traditionnellement associé à cette planète dans la magie d'Agrippa, on nomme cela un Kameas.

Pour notre part nous pensons qu'il s'agit ici d'un ensemble de messages codés, voulant à la fois révéler que la géométrie et les chiffres sont reliés, et que par le sigle obtenu nous pouvons considérer que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, par cette sorte d'hexagramme unicursal ailé, pointant d'un côté vers le bas, et de l'autre vers le haut... 


Nous voyons ici le sigle de Saturne traditionnel, obtenu dans un carré magique parfait. 

Ce lien à Saturne n'est pas par hasard. Car elle règne aussi sur la géométrie et l'espace. 


Nous pouvons de même ajouter, qu'il n'est peut-être pas impossible que la page de droite porteuse de figure géométrique soit en réalité une sorte de rébus qui soit lié à un codage, montrant les phases du Grand Œuvre Alchimique. Le triangle, par exemple, pour remarquer une unification de certaines matières, tandis que le fait de mettre au carré soit une fixation. Le tout premier signe est celui du double balance, démontrant alors une sublimation ou une sorte d'état volatil de la matière. On termine donc avec une sorte de pot, qui voudrait signifier le régime des couleurs finales lors du troisième œuvre. 

''Astra Regunt Omines'', ou, ''les étoiles gouvernent les hommes'', et c'est ce qu'on lit au centre de la carte astrale. 



Nous y voyons la présence d'une coiffe religieuse, d'évêque, c'est-à-dire une mitre. Certains l'associe à la coiffe des prêtres de Dagon, ou Dagan, Oannes, le Dieu poisson des populations sémitiques, assyro-babyloniennes. L'Arche d'Alliance placée à côté de sa statue, en fera tomber l'effigie à terre durant la nuit... 

Dagon Oannes

La religion Chrétienne est en sous le signe du poisson, il n'est donc pas étonnant que ses prêtres de rang supérieur portent toujours son signe.

Cependant revenons maintenant à l'analyse de cette carte astrale qui pose quelques problèmes d'interprétation... Premièrement pas la difficulté à voir les symboles qui sont dépeints, dans un second temps par la capacité que nous avons, et qui est limitée, à comprendre certains des signes. 

Nous y trouvons dans le désordre une tête de dragon, un cœur enflammé, une sorte de 7 avec un nœud, une sorte de dague avec une queue, et qui sort du cadre de la carte astrologique, ou alors s'agit-il de notre petit reptile. Nous aurions ainsi donc la tête et la queue du dragon c'est-à-dire le Nord et le nœud Sud lunaire. 
Le symbole au-dessus de la lune est malheureusement sans possible interprétation nette, de même que la sorte de petit bonhomme à côté du soleil. Si nous comptons l'ensemble des symboles qui s'ajoutent à cette carte astrale, nous en obtenons 8. Nous y voyons le soleil, la lune, une sorte de bêche, une tête de dragon, est-ce que nous avons décrit comme étant une sorte de petit reptile ou encore une sorte de 7 avec un nœud, et un cœur enflammé. Nous pourrions donc laisser entendre que la mitre serait Jupiter. 
Que le 7 avec un nœud serait Saturne. 
Que le cœur enflammé serait Vénus. 
Que le petit bonhomme serait Mercure. 
Que l'espèce de bêche serait Mars. 
Il y aurait donc le noeud Nord et le nœud Sud.
Ainsi que le soleil et la lune. 

Nous aurions donc sous couvert de symboles différent l'ensemble des autres planètes. Ceci peut-être pour ajouter au mystère, ou tout simplement pour forcer à une interprétation différente des forces planétaires tels qu'elles sont  habituellement comprises.

Nous passons rapidement sur l'ensemble des symboles qui sont de nature martienne sur le pilier de droite, et les arts créatifs de musique, sur le pilier de gauche comprenant des creusets et des instruments de chimie, mais aussi tout ce qui concerne le fait de bâtir, avec l'ensemble des éléments et outils permettant d'élever des monuments. Peut-être ainsi l'auteur nous fait-il savoir qu'il fait partie d'une confrérie de bâtisseurs - nous ne dirons pas franc-maçonnerie, tout simplement parce que les loges unifiées se firent à Londres en 1717 et cet ouvrage date de 1650. Nous noterons particulièrement le mur triangulaire de briques qui est caché derrière une échelle. L'association de la trompette et de l'échelle n'est pas non plus par hasard. On pourra peut-être y voir une sorte de clin d'œil au Mutus Liber, tout du moins au passage biblique de Job, rêvant.

Voilà donc pour notre interprétation succincte. Arthur Dee, digne héritier de son père...



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