Il y a en Inde, un type de Saddhu qui est clairement à part de leurs confères. Ils vivent dans le tabou. La caste des Saddhu si l'on peut dire, est régie par des règles très strictes. Pas de possessions matérielles, pas de femme ou de relations sexuelles, pas de magie, pas d'alcool ni de viande. Il y a aussi des restrictions par rapport aux cycles féminins, etc.
Les Aghori font l'inverse. Ils adorent (vénèrent) le fluide menstruel. Pour eux créateur de Vie, source de fertilité Divine de la Grande Déesse Mère. Ils peuvent boire de l'alcool et manger de la viande, certains parlent de cannibalisme rituel.
Ils font de la magie (et parfois de la magie nécromantique de haute volée - dans un champ de crémation, assis sur un corps fraîchement décédé de jeune femme par exemple, s'en suit alors l'évocation de Kali)... ils ont certains outils magiques propres (kapala ou coupe formée par un crâne humain, inscrit de mantram), ils se droguent (comme tous les saddhus classiques aussi). Et connaissent très bien l'art du Kamasutra. Dans l'impur se trouve le Divin, dans le tabou la liberté, dans ce que les hommes rejettent, il y a une perle pour eux. Mais ils ne sont pas des adorateurs des démons, mais de Shiva,de Kali ou de Ganesha ... de formes de destructions radicales des entraves menant à la liberté intérieure. Ils restent très clairs quant à leur objectif, et au final, assez sobre dans leur approche. Ils se sont donné une liberté, un droit qui leur permet alors de passer outre le dogme et de se rapprocher d'une pensée pénétrante, pour atteindre la vérité pure.
Source https://www.naukrinama.com/stressbuster/wp-content/uploads/2016/05/Everyone-is-an-Aghori.jpg
Ce sont de bien curieux personnages, étonnants et hauts en couleurs. Longtemps ils sont passés pour des fous, des barbares, des psychopathes. Mais non.
Nous avons aussi, en Alchimie, cette branche là. Le travail canonique, "propre" et aristocratique sur de l'argent ou de l'or est alors directement placé au rencart - même si connues, pour laisser place aux voies d'étables, de latrines, aux voies les plus "sales" (entendre, "salées"!), de tout ce qui est "salopé" (ou du jeu de mot : "sal.opus", ou travail des sels).
C'est un travail de proximité, c'est à dire que la matière vient de vous, -peu importe de quel orifice, entendez mine-, elle sortira. Chaque mine donne sa matière selon une signature archétypale particulière. C'est ça, justement, qui est alors très très intéressant dans ces travaux.
Evidemment ces travaux ne sont pas réservés à quelques initiés, tout le monde peut s'y adonner. Cependant, cela demande alors des précautions d'usages que le travail en Magie et en Mystique permettrons de compenser. La violence, l'insidiosité, le chamboulement que cela provoque est ce que certaines personnes cherchent, ce que d'autres redoutent. Mais le travail sur une matière non "proche" peut parfois être plus difficile encore.
Plusieurs choses sont pertinentes :
- Quantités de matières à profusion, et pas chères. Voies des pauvres.
- Trouver la matière qui inspire le plus de dégoût. Histoire de travailler ses résistances mentales, apprendre à dompter le Dragon qui nous répugne. (C'est une option de travail mais non obligatoire).
- Travailler sur soi même, sur le Microcosme. De manière plus pertinente.
- Amplifier le travail psychique. Et sur la Nephesch.
- Comprendre qu'il n'y a ni pur ni impur, et que tout peut être porté à perfection.
Curieusement, travailler avec de l'alcool n'est en occident pas tabou, ou interdit. Cela devient arham uniquement dans la pensée Musulmane. Comme quoi... l'alcool est tabou ou libérateur de Soufres. Tout dépend de la vision utilisée.
Décriées, considérées comme des voies non viables car "ce sont des déchets ne contenant de fait rien de bon", n'apparaissent au mental de ceux qui ne voient que le pur dans du pur et excluent le reste (je ne rentrerai pas dans le débat du fait que l'idée de pureté est toute relative) que comme des voies de garages, bonnes à ceux qui cherchent un Alzheimer rapide et pas cher, en lieu et place à une ruine pécuniaire. (Notons que travailler l'or, coûte cher - cqfd).
Rappelons nous de l'Aghori Alchimiste de son titre : l'Uber Bombastique Paracelsus Roi des Alchimistes, - notre maître à tous - qui avait pour l'histoire, dit à ses disciples "voici la matière certaine de l'oeuvre" et soulevant la cloche du plateau, dévoilait un bel et massif étron humain. Tous s'en allèrent, rouspétant. Le message n'était pas passé. (D'ailleurs je ne retrouve plus la référence de cette histoire, si vous l'avez vous m'écrivez, merci !)
Ces voies "animales" permettent de travailler sur cette "âme animale" ou Nephesch. Le travail des écuries d'Augias fait parti des travaux à mener.
Clairement, il y a des productions à ne PAS ingérer. Les voies les plus sages, sont celles de l'urine, des fèces, de la salive, et sueur, voire des cheveux ou de la peau morte, pour les émotifs, celle des larmes.
Le reste doit se faire si possible avec un guide qui connaît son affaire. Sinon je peux vous garantir qu'il y a des traits du corps humain (et donc des archétypes) qu'il vaut mieux éviter d'augmenter sous peine d'avoir de très très gros ennuis difficilement réparables.
N'est pas Agorhi Alchimiste qui veut. Il y a clairement du risque. Et les têtes brûlées en quête de pouvoir personnel peuvent aller se rhabiller. De toute façon, nous sommes tous, ou presque des aghori de très petit niveau. Vous avez mangé de la viande aujourd'hui avec votre petit coup de pinard bourré de pesticides ? (Même si c'est un St Emilion). Bravo, welcome chez les aghori. La société occidentale est aghori négative, elle ne respecte pas tellement l'idée de cadavre, quel qu'il soit, lorsqu'il est animal - les consciences s'éveillent un peu plus en ce moment. Je ne vois donc pas pourquoi il faudrait alors jeter la pierre à ceux qui les distillent surtout si ce sont des parts d'eux même.
De plus, l'aghori porte un réel grand respect à ce qui est le plus vile, le plus sale, et le moins évolué. Il peut ainsi intégrer dans sa psyché une chose d'une réelle portée spirituelle. TOUT EST UN. Car tout vient d'Un. Et tout est composé des mêmes éléments radicaux. Peu importe leur origine. En effet, lorsqu'on a vu de l'or "pur" devenir noir comme la poix et commencer à devenir pustuleux comme un crapaud, il est alors bon de se demander ce qui est réellement pur. C'est une illusion.
Réfléchissons -y, même symbolique, la naissance du Christ se situe de toute façon dans une étable. Dans la merde, entouré non d'humains à part ses parents, mais d'animaux, et de beaucoup de sels. Le sacrifice de Jésus, le fait de manger symboliquement son corps et de boire son sang, est un rite cannibale. C'est une sorte de "Prasadam", ou de consécration de la nourriture, qui porte une part de la puissance ou de la Shakti, en elle, et qui est donc condensateur fluidique. C'est un acte magique. Elle est alors ensuite partagée entre tous pour que, tous ceux qui en ingèrent, captent cette puissance et en soient transmutés.
Il est impossible de fusionner dans le Tout si l'esprit refuse qu'une chose en provienne. Cette pensée, ancrée, est antithétique au but poursuivit, d'union spirituelle. Il ne doit y avoir ni goût ni dégoût dans ces voies. Et je dirais que le goût est plus dangereux que le dégoût.
L'enseignement du Bouddha Fukyo est très intéressant là dessus : Toute personne mérite respect car elle sera un jour sur le sentier du Bouddha. Toute personne est un potentiel Bouddha.
Je vous le dit donc : Toute matière mérite respect, car elle porte en elle le potentiel de la Pierre Philosophale parfaite, alliant le Ciel et la Terre en harmonie totale.